Rencontre de Tebboune avec la presse : des incohérences, des failles techniques et des hésitations - Radio M

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Rencontre de Tebboune avec la presse : des incohérences, des failles techniques et des hésitations

Radio M | 23/01/20 15:01

Rencontre de Tebboune avec la presse : des incohérences, des failles techniques et des hésitations

La rencontre du président Abdelmadjid Tebboune avec les représentants de huit médias, mercredi 22 janvier 2020, a été marquée par des failles techniques et des incohérences. Une erreur monumentale de montage, fait dans la précipitation, et visiblement sous pression, a rendu, à un moment, incompréhensible les réponses du chef de l’Etat.

Une même séquence a été répétée deux fois et la reprise s’est faite au milieu d’une réponse pour une question qui n’était pas claire. Des questions étaient parfois coupées juste au milieu. Les décors de la salle présidentielle où l’interview s’est déroulée ont surchargé inutilement l’image. Aucun effort esthétique n’a été fait pour produire une image aux normes requises à la hauteur de l’événement. Les lumières étaient aveuglantes, voire saturées, alors que le niveau du son n’était pas au point. Un amateurisme qui a étonné les professionnels de l’audiovisuel.

Les questions des journalistes étaient parfois répétitives, encombrées, et portant des commentaires. Le commentaire ajouté à la fin par le représentant du journal El Khabar n’avait aucune explication. Mohamed Baghali remerciait le président de la République d’avoir accepté d’accorder une interview aux journalistes alors que le chef de l’Etat s’est engagé, dès la campagne électorale de rencontrer régulièrement la presse. Les axes n’étaient pas précis.

Des réponses trop longues

Les réponses du président Tebboune étaient trop longues, accompagnées souvent de commentaires personnels qui suggéraient une non maitrise des dossiers, sinon de l’indécision. Par exemple, la réponse à la question sur la réforme du système scolaire était trop vague. « Je ne peux pas accepter que nos enfants marchent dans la boue pour rejoindre leurs écoles et mangent des repas froids dans les cantines scolaires en plein hiver », a répondu Tebboune, sans dire ce qu’il compte faire, avec précision, pour améliorer le transport et la restauration scolaires. Ce problème est posé depuis des années, sans solutions.

Plaidoyer pour l’exploitation du gaz de schiste

Il a fait un constat sur le système scolaire sans donner des détails sur la réforme qu’il compte introduire même s’il a évoqué la nécessité d’éloigner l’idéologie de l’école. Tebboune n’a pas indiqué également comment il comptait traiter la question de la harga qualifiant le phénomène de « désir de suicide ». « C’est un dossier épineux et douloureux, nous devons nous entraider pour le régler », a-t-il dit sans autres détails. Il a parlé de l’Autorité de régulation de l’Audiovisuel (ARAV), qui n’a pas fonctionné, mais n’a donné aucun aperçu sur la manière de régulariser la situation intenable des chaînes de télévisions privées dont le statut juridique reste flou.

Comme, il n’a rien dit sur ce qu’il compte faire pour les médias électroniques. Il a ignoré la question de l’ouverture des médias publics. Il s’est engagé sur la piste glissante de l’exploitation du gaz de schiste, rejetée en grande partie par la population du Sud du pays en raison des dangers sur les ressources en eau et sur l’environnement, en plaidant en faveur de cette ressource non conventionnelle d’énergie. « Le gaz de schiste va sauver l’économie algérienne d’une véritable catastrophe », a-t-il dit en évoquant « l’ouverture d’un débat public » sur la question.

Quel plan pour l’économie ?

Il a promis de récupérer l’argent qui a été détourné vers l’étranger disant attendre « le feu vert des banques » mais sans fixer de délais. Il n’a pas fourni d’informations sur le montant détournés vers l’étranger. Tebboune a déclaré que les personnalités qu’il a reçues à la présidence de la République lui ont parlé de la nécessité de prendre des « mesures d’apaisement », mais il n’a rien dit sur sa volonté de prendre ces mesures comme la libération des détenus du hirak et l’ouverture du champ médiatique.

Il a juste dit que les consultations sur la révision de la Constitution vont se poursuivre et qu’il a l’intention de réaliser les revendications du hirak. Parfois, les réponses du président manquaient de contenu politique, de vision et de perspectives. La logique du constat critique était plus présente qu’un plan action avec des objectifs précis. Tebboune a parlé, par exemple, de reconstruire l’économie sur de bonnes bases, sans dire comment et sans expliquer son plan pour lutter contre l’évasion fiscale, le non remboursement des crédits bancaires, l’inflation, le marché informel….etc.