La séquence est malheureusement banale : une journaliste issue de l’immigration maghrébine mène une interview croisée avec une figure de la droite radicale et se retrouve aussitôt ciblée par une avalanche d’insultes racistes sur les réseaux sociaux. Salhia Brakhlia, qui officie sur Franceinfo, s’était fermement opposée aux dénégations de Marion Maréchal quant à l’existence de violences d’extrême droite en France.
« Les faits ne suffisent plus visiblement », a déploré avec amertume la journaliste, partageant des captures d’écran des messages reçus. Les mots sont extrêmement violents, outrageants, avec une dimension raciste indéniable. « (…) Une très bonne avocate des racailles, mais cela n’est pas étonnant, n’est-ce pas Salhia, ce sont vos frères », lui reproche un internaute.
Ce type de cyberharcèlement raciste après un clash médiatique avec l’extrême droite n’a malheureusement rien de nouveau. Cependant, l’ampleur et la virulence que peut prendre ce déchaînement de haine en ligne témoigne d’un climat de crispation identitaire préoccupant dans une frange de la société française.
Certains discours politiques attisent sciemment les tensions. Par petites touches, ils banalisent et légitiment l’expression d’idées racistes. Or, cette rhétorique a des conséquences bien réelles que les chiffres officiels confirment : en 2021, les actes antimusulmans ont augmenté de 38% en France, s’élevant à 213 faits recensés.
Au-delà des statistiques, ce sont des populations ciblées – Français issus de l’immigration maghrébine et musulmans – qui dénoncent une explosion des agressions verbales et physiques dont ils sont victimes. Intolérance et rejet de l’autre se propagent insidieusement dans la société française.