800 m et relais 4 X 400, une cérémonie de clôture céleste - Radio M

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Bir El Djir Chrono 9: 800 m et relais 4 X 400, une cérémonie de clôture céleste

El Kadi Ihsane | 04/07/22 16:07

Bir El Djir Chrono 9: 800 m et relais 4 X 400, une cérémonie de clôture céleste

La rumeur disait vraie. À la sortie du premier virage, ils sont premiers et seconds. Djamel Sedjati et Yassine Hethat ont les deux meilleurs chronos de la saison parmi les 8 participants à la finale du 800 m la plus relevée de l’Histoire des JM.

Leur intérêt ? Une course rapide. La rumeur ? Elle disait, dans le milieu de l’équipe algérienne, que ce sont eux deux qui se chargeraient de faire passer la course à près de 50 secondes au 400 m. Un train de Poker. L’athlétisme algérien n’a jamais oublié Barcelone 1992 et Nourredine Morcelli déjà roi de la distance, renoncer à assumer son statut et se laisser endormir dans une mortelle course tactique. À la cloche, le pari est presque tenu.

Mais la prise de risque a été colossale. Car dans la foulée de Hethat suivant, celle si fluide de Sedjati, l’italien Catalin Tecuaceanu n’a rien cédé à la cloche. Derrière lui, tout le monde peut encore gagner. Personne n’a encore soutenu que ce qui s’est passé aux 300 m fût prémédité.  Sedjati conscient de s’être exposé en assurant ce train relevé pendant 500 m, décide de préserver sa vitesse terminale et ralentit légèrement. C’est Hethat qui prend alors  le relais et qui  aspire l’italien obligé de répondre en sautant dans sa foulée  à 250 m de la ligne.

A ce moment précis, un doute fugace traverse le stade Olympique d’Oran, toujours en furie. Et si Djamel  Sedjati, légèrement en retrait,  allait payer sa stratégie agressive dès le début ? Et si Yassine Hethat, accélérant de trop loin, allait se faire déborder par l’italien sur la fin ? À l’entrée de la dernière ligne droite, un premier constat.

La fresque se révèle et éclate sa grandeur lorsque Djamel Sedjati s’est décalé au 3e couloir pour aligner, sans le moindre rictus, une ligne droite à la Sébastien Coe. Doublé algérien. Chef-d’œuvre tactique.

La course rapide imposée par les deux favoris algériens a presque sanctuarisé le podium. Ils sont encore 4 pour 3 places. Au 50 m tout redevient d’une clarté virginale. Tecuaceanu va coincer d’avoir suivi Hethat dans la ligne opposée. Il sauvera sa médaille de bronze d’un souffle rattrapé sur la ligne par le tunisien Abdesselem Ayoubi. Yassine Hethat va se crisper et perdre un peu de sa vitesse terminale.  Sans risque pour sa médaille d’argent.

La fresque se révèle et éclate sa grandeur lorsque Djamel Sedjati s’est décalé au 3e couloir pour aligner, sans le moindre rictus, une ligne droite à la Sebastien Coe. Doublé algérien. Chef-d’œuvre tactique. L’histoire du sport est jalonnée d’échecs de favoris le jour j.  Djamel Sedjati 23 ans, a aligné les planètes pour son sacre Oranais. Il est natif de la ville et des centaines de jeunes de son quartier l’ont célébré comme le héros qu’il est devenu. Il a fait un mémorable tour d’honneur avec un dauphin algérien, Yassine Hethat quasiment de son niveau, savourant une course d’équipe qui fera date. Il a remporté en 1 mn 44 s 52, le 800 m le plus relevé des JM  avec 4 coureurs en dessous des 1 mn 45.  

Il a mis sur rampe de lancement, le meilleur : l’apothéose à ces quatre journées magiques au stade Olympique. Le relais 4 fois 400 m algérien a déjà écrit sa légende à Bari en 1997. Il attendait Oran 2022 pour la sublimer. À l’inverse du 800 m, il y avait peu de certitudes sur le team Algérie. Certes, Abdenour Bendjemaa, médaille  de bronze du 400 m deux jours plus tôt et premier relayeur, offrait une possibilité d’allumer le feu dans le cratère de Bir El Jir. Mais que valait les 3 autres relayeurs ? Deux transfuges du 800 m, Mohamed Gouaned et Slimane Moula et un hurdler Abdelmalik Lahoulou.

Le suspense a subsisté jusqu’au dernier passage de relais. Lahoulou mis en orbite par une performance impressionnante de Gouaned préservait d’un buste la 1ère place au relais algérien face aux français.  Sous une coulée incandescente de lave. Le suspense s’est  aussitôt terminé avec la prise de relais de Moula. En fait, un performant coureur de 400 m reconverti cette saison sur 800 m. A lui tout seul, son dernier tour est une cérémonie de clôture populaire.

Malik Louahla, détenteur depuis 2001 du record d’Algérie du tour de piste, avait souhaité que le record des JM réalisé par le team Algérie à Bari en 1997 tombe à Oran. Ce ne sera pas le cas cette fois. Une planète capricieuse, sortie de l’alignement. Mais quelle jubilation cosmique  !