« Nous devons tourner la page des différends, de la désunion et de la discorde qui sont des facteurs de destruction et de désintégration. Allah nous a ordonné de dépasser les divergences et les querelles pour que nous nous faiblissons pas », a déclaré le nouveau président de la République Abdelmadjid Tebboune, ce jeudi 19 décembre, après la cérémonie d’investiture, dans son premier discours. Rappelant qu’il s’adresse aux citoyens, fils et petits-fils des Moujahidines et des Chouhada (de la guerre de libération nationale) ainsi que des nationalistes libres, le nouveau président a ajouté : «Nous sommes tous Algériens.
Il n’y a pas ceux qui le sont plus que d’autres, si ce n’est l’effort sincère et loyal au service de notre chère Algérie(…) Nous n’avons d’autre choix que de mettre la main dans la main pour réaliser les rêves de nos prédécesseurs, de notre jeunesse et des futures générations relatifs à l’édification d’une nouvelle République forte, crainte, stable et prospère ». Il a appelé à ne jamais dévier de la Déclaration du Premier Novembre 1954 « sous peine d’être ébranlés par les facteurs de la division et de la faiblesse».
Le nouveau président a salué l’ANP et son chef d’Etat-major, le général Ahmed Gaid Salah qui ont protégé « la souveraineté nationale » en dressant un barrage « contre l’ingérence étrangère et contre les complots qui visaient l’unité de la nation et du pays ».
« Criminalisation» de l’intervention de l’argent sale de la politique
« Ils ont accompagné le Hirak populaire pour qu’il réalise ses revendications légitimes. Certaines ont été réalisées, je renouvelle mon engagement de tendre ma main à tous aux fins de concrétiser ce qui reste de ces revendications dans le cadre du consensus national et des lois de la République», a-t-il ajouté en plaidant pour « un changement radical du système de gouvernance ».
Il a annoncé que la Constitution sera révisée « dans quelques mois ou semaines à venir ». Cette révision est considérée comme « une pierre angulaire » pour « l’édification de la nouvelle République » et « la réalisation les revendications du Hirak ».
La nouvelle Constitution réduira, selon le nouveau locataire du Palais d’El Mouradia, les prérogatives du président de la République, neutralisera toute tendance autocratique, garantira la séparation des pouvoirs, confortera la lutte contre la corruption « en interdisant l’impunité pour les corrompus » et protègera les libertés collectives et individuelles, les droits de l’homme, la liberté de la presse et la liberté de manifester. Comme pour la Constitution de 1996 et de 2016, la nouvelle Loi Fondamentale limitera le mandat présidentiel à deux. Une nouvelle loi électorale sera également promulguée pour consacrer « la moralisation de la vie politique», la réhabilitation des assemblées élues, « la criminalisation» de l’intervention de l’argent sale de la politique et « l’achat » des voix ainsi que et la définition « claire » des conditions d’éligibilité
« Je ne tolèrerai aucune dilapidation des fonds publics »
L’Etat s’engage, selon Tebboune, à aider les jeunes à se présenter à des mandats électifs en finançant leurs campagnes électorales futures « pour qu’ils ne tombent pas entre les griffes de l’argent sale ». Il a estimé que l’Algérie a besoin de classer les priorités « pour éviter des lendemains incertains », en «cette période délicate ».
«La situation que traverse le pays nous interpelle, plus que jamais, à parfaire notre gouvernance pour corriger les points faibles, réunir les conditions de la relance de la croissance économique(…) Nous devons dépasser, le plus vite possible, la situation politique actuelle pour entamer l’examen des questions essentielles pour la pays, à travers l’adoption d’une stratégie globale fondée sur une vision politique claire à même de rétablir la confiance du peuple en son Etat et restaurer l’autorité de l’Etat, à travers la poursuite de la lutte contre la corruption, l’impunité et les pratiques de la distribution anarchique de la rente pétrolière », a-t-il plaidé.
L’Etat va, selon lui, relancer les grands projets structurants, encourager les investissements productifs et promouvoir les PME aux fins de « construire une économie forte et diversifiée, créatrice d’emplois et de richesses, qui assure notre sécurité alimentaire et nous éloigner de la dépendance des hydrocarbures». Il a promis aux « Hommes d’affaires honnêtes» tout l’appui de l’Etat dans leurs investissements. «L’Etat sera rigoureux dans la gestion de l’argent public. Je ne tolèrerai aucune dilapidation des fonds publics. Nous allons assurer notre production nationale et nous n’importerons que ce qui ne manque réellement pour éviter le gaspillage de la devise.
Le rôle économique des collectivités locales sera consolidé », a-t-il soutenu en parlant de modernisation de l’agriculture et relance du secteur du tourisme « avec allègement des procédures d’obtention du visa » pour les touristes étrangers.
« Liberté sans limites sans celles de la loi et de la morale »
« L’Etat va régler la crise du logement. Je n’accepterai pas qu’un algérien vive dans une chaumière ou dans bidonville par respect à sa dignité et à celle de ses enfants. L’Etat s’emploiera avec force pour augmenter le pouvoir d’achat de tous les citoyens surtout la classe moyenne et la classe fragile avec suppression des impôts pour ceux dont le revenu est faible », a promis le nouveau président. A propos de la presse, il a déclaré : « J’appelle les médias nationaux à être à la hauteur des aspirations de la Nation, doivent jouer le rôle d’éclairage, de mobilisation et de contrôle en renforçant le professionnalisme, loin de toute désinformation, de propagande insidieuse, de distorsion ou de diffamation. Les médias trouveront tout le soutien de l’Etat ainsi que des incitations pour une pratique journalistique à l’ombre d’une liberté sans limites sauf celles la loi, la morale, les bonnes mœurs et la vérification des sources de l’information ».