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« Le décret sur l’information en ligne est plus dur que la loi organique sur l’information de 2012 » (éditeur de presse électronique)

Salim Mesbah | 09/12/20 14:12

« Le décret sur l’information en ligne est plus dur que la loi organique sur l’information de 2012 » (éditeur de presse électronique)

Dans le cadre de la publication du très controversé décret exécutif sur l’information en ligne, Radio M a recueilli les réactions des acteurs de ce segment du secteur des médias, considéré par beaucoup comme l’un des derniers bastions de la liberté d’expression. Ghada Hamrouche, rédactrice en chef du site 24Hdz, s’est confiée à notre rédaction.

Comment jugez-vous le décret qui régit désormais l’activité de la presse électronique ?

Le souci de ceux qui ont élaboré le décret était d’abord de mettre en place des interdits du début à la fin. Ce qui est le plus incroyable, c’est que les rédacteurs du texte ne se soient pas rendus compte qu’il est plus dur que la loi organique sur l’information de 2012, qui, quant à elle, est beaucoup plus permissive. On demande aux médias électroniques ce qu’on a pas exigé de la presse papier. Ce qui est une véritable aberration. 

Pensez-vous que l’on soit face à une approche sécuritaire et répressive du métier de l’information ?

Absolument. On n’est pas dans une démarche d’ouverture, mais dans un souci de contrôle des médias, qui va avoir pour conséquence d’empêcher les sites électroniques d’offrir un contenu de qualité. Le soft power recherché pour faire le poids dans un monde extrêmement compétitif et où il n’y a pas de place pour la médiocrité

De surcroît, on n’est pas dans une logique digitale, car il y’a trop d’incohérence dans la démarche. C’est le cas avec l’obligation d’adopter un hébergement des sites exclusivement en Algérie via l’extension « dz », qui va automatiquement restreindre l’audience de sites électroniques nationaux et par conséquence les rendre beaucoup moins visibles. 

Le régime a mis en place les moyens pour fermer un site et trainer un patron de site devant les tribunaux…

Même sur ce cas de figure, il y’a une totale incohérence. Quand le législateur dispose l’article que le directeur du site ne doit pas être condamné pour diffamation, l’on sait très bien que tout journaliste est susceptible d’être condamné dans une affaire de diffamation et que par conséquent, son responsable hiérarchique également. Dans ces conditions, nous sommes en droit de nous demander si les éditeurs ou les médias seront contraints de changer de directeur à chaque fois qu’ils sont sujets à une condamnation pour diffamation.