Abderrezak Makri : "Nous n’avons pas été invités pour participer au gouvernement" - Radio M

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Abderrezak Makri : « Nous n’avons pas été invités pour participer au gouvernement »

Ghada Hamrouche | 30/12/19 18:12

Abderrezak Makri : « Nous n’avons pas été invités pour participer au gouvernement »

Le MSP n’a pas été convié à participer au gouvernement qu’aura à composer Abdelaziz Djerad. «Nous n’avons pas été invités pour participer au gouvernement. Ce que nous avons su est que le prochain gouvernement sera composé de technocrates », a déclaré Abderrezak Makri, président du MSP, lors d’une conférence de presse, animée au siège de son parti, ce lundi 30 décembre. Revenant sur l’élection d’Abdelmadjid Tebboune, Makri a soutenu que le président de la République a été choisi par une partie du peuple algérien. « Nous respectons la volonté des citoyens algériens. Nous allons traiter avec lui (Tebboune) comme un président de tous les algériens, comme nous avons traité avec ses prédécesseurs. Notre devoir national est de donner l’occasion au nouveau président de réussir. Nous estimons que la réussite dans sa mission est dans l’intérêt de l’Algérie et de tous les algériens qu’ils aient ou non participer aux élections. Nous lui souhaitons en toute sincérité qu’il réussisse dans son actionNous l’encourageons pour entamer un dialogue sincère et transparent. Nous allons lui apporter notre aide», a déclaré le président du MSP. « Si le président réussit, nous le soutiendrons. S’il se trompe, nous le Conseillerons. S’il commence à semer le mal, nous le combattrons farouchement avec les méthodes pacifiques », a-t-il averti.

« L’Algérie s’achemine vers une grave crise économique »

Selon lui, le président de la République ne doit pas s’entourer de corrompus, d’opportunistes et de ceux qui ont échoué. Il a estimé que le président va être confronté à des difficultés économiques « ce qui va provoquer des troubles sociaux pouvant compliquer l’action du gouvernement avec la montée du niveau des revendications». «S’ajoutent à cela les menaces extérieures grandissantesL’Algérie s’achemine vers une grave crise économique. Nous pouvons être en situation en cessation de paiement vers la fin 2021. La création monétaire ne doit pas se poursuivre », a-t-il prévenu. La présence d’un président de la République civil évite, d’après Makri, un affrontement direct avec l’institution de l’armée lors de l’action politique de l’opposition. Il a expliqué la non-participation du MSP à la présidentielle du 12 décembre qui était « un choix du pouvoir et d’une partie de la classe politique et du peuple algérien ». «Nous n’étions pas satisfaits des méthodes, des moyens et des garanties relatifs à l’organisation ces élections. Mais, nous respectons les points de vue de tous. Le MSP n’a pas présenté de candidat à l’élection présidentielle du 12 décembre pour éviter un affrontement nihiliste entre, d’une part, le courant islamiste et une partie du peuple algérien, et de l’autre, le pouvoir. Nous l’avons constaté à travers quelques fuites et à travers l’analyse du discours des puissances étrangères et des représentations diplomatiques en Algérie. Notre participation aux élections aurait pu être une menace pour nous et pour notre pays. Nous avons alors décidé de ne pas nous engager dans la course électorale sans s’opposer au scrutin », a-t-il expliqué.

Mesures d’apaisement

Selon lui, le changement global voulu par les algériens n’a pas eu lieu. « Le régime a réussi à se reproduire, ce qui va l’encourager à vouloir dominer encore une fois. Les décisions venus d’en haut sont de retour dans le but de dominer l’administration, la justice et les médias », a-t-il prévenu. L’élection présidentielle a imposé, selon lui, une nouvelle situation qui oblige la classe politique à clarifier ses positions. Il a plaidé pour le changement pacifique à travers « la résistance pacifique » et a souligné que le MSP se considère comme faisant partie du hirak « dès les premiers jours ». Revendiquant un discours rationnel d’opposition, le MSP a demandé aux autorités de prendre des mesures d’apaisement en libérant les détenus du hirak et en levant les contraintes qui pèsent sur les médias. Le MSP va créer des réseaux, notamment au niveau local, et un observatoire pour renforcer la lutte contre « la grande et la petite corruption ». Il a prévenu contre « le reconstitution de nouveaux réseaux de corruption ». Le parti islamiste est favorable au dialogue. « Nous sommes prêts au dialogue et pouvons contribuer avec nos propositions en impliquant des cadres algériens. Nous sommes favorables à un dialogue sincère et transparent. Nous soutenons tout consensus sincère entre algériens », a-t-il dit. Il a prévenu contre « le discours de la haine » propagé sur les réseaux sociaux et contre les divisions apparues au sein de la société après l’élection présidentielle.  Il a estimé que le Hirak doit porter un message de réformes, dépasser les polarisations idéologiques et accepter « un dialogue civilisé et sérieux » puisque les embûches qui le bloquaient ont disparu. Il notamment parlé du départ de Noureddine Bedoui et de Abdelkader Bensalah. Makri a soutenu que son parti est favorable à la dissolution de la chambre basse du Parlement, fruit d’une fraude électorale. « Des élections législatives sont inévitables, mais il faut d’abord réviser la Constitution », a-t-il proposé. Makri a plaidé pour une transition démocratique tranquille. La lutte et la résistance continuent, selon lui, jusqu’à atteindre le niveau démocratique. Il a rappelé que la volonté populaire doit s’exprimer à travers les urnes.