A dix mois de l’élection présidentielle aux Etats Unis, Donald Trump engage un bras de fer avec l’Iran. Depuis son arrivée à la Maison Blanche, il n’a pas cessé, poussé par des conseillers « spéciaux » dont son gendre Jarod Kushner, de parler d’attaquer l’Iran. Ce dimanche 5 janvier, Trump, qui utilise Twitter pour s’exprimer, a menacé ouvertement de frapper avec force. « Les Etats Unis ont dépensé deux milliards de dollars pour les équipements militaires. Nous sommes les plus grands et, de loin, les meilleurs au monde ! Si l’Iran attaque une base américaine ou n’importe quel américain, nous enverrons une partie de ce bel équipement flambant neuf…sans aucune hésitation », a-t-il écrit sur Twitter. Et d’ajouter : « ils nous ont attaqués et nous avons riposté. S’ils attaquent à nouveau, ce que je leur déconseille fortement, nous les frapperons plus fort qu’ils ne l’ont jamais été auparavant ! ». Trump a évoqué le ciblage de 52 sites iraniens qui « représentent les 52 otages américains pris par l’Iran il y a de nombreuses années ». En fait, le chiffre réel des otages américains, retenus dans l’ambassade des Etats Unis à Téhéran, entre le 4 novembre 1979 et le 20 janvier 1981, était de 56. Ils ont été libérés grâce à une médiation algérienne. Le président américain a parlé de cibles importantes pour l’Iran et sa culture. Cela peut suggérer que le plan militaire d’attaque est déjà prêt.
« Conséquences dévastatrices »
En juin 2019, Donald Trump a prétendu avoir annulé à « la dernière minute » une frappe militaire contre l’Iran pour « éviter un lourd bilan humain, 150 morts en une demi-heure« . Téhéran avait, à la même date, abattu un drone américain entré sans autorisation dans son espace aérien. L’Iran a toujours prévenu que la moindre attaque contre son territoire aura des « conséquences dévastatrices sur les Etats Unis et ses alliés dans la région« . L’assassinat à Baghdad du général iranien Qassem Soleimani, chef de la Force Al Qods, unité d’élite des Gardes de la Révolution chargée des opérations extérieures, et Abou Mehdi Al Mouhandis, chef adjoint d’Al Hachd Al chaâbi, coalition paramilitaire irakienne, lors d’un raid aérien américain, vendredi 3 janvier 2020, a été suivi de menaces iraniennes de s’en prendre à des cibles américaines. Le commandant des Gardes de la Révolution Hussein Selami a, d’après des médias iraniens, parlé de vengeance stratégique « qui mettra fin à la présence américaine dans la région« . « La vengeance de l’Iran se fera sur un espace géographique vaste et aura des répercussions déterminantes », a-t-il déclaré. Il est question notamment d’une offensive électronique iranienne contre Washington. Selon CNN, l’Iran pourrait attaquer des cibles américaines dans la région du Golfe (Koweit notamment).
Guerre en territoire irakien ?
Le président iranien Hassan Rohani a, de son côté, soutenu que son pays « n’oubliera pas le crime commis par les Etats Unis « . Justifiant le « licence to kill » (le permis de tuer n’est que par le président des Etats Unis), Donald Trump a affirmé que le général Soleimani, réputé influent en Irak et en Syrie, préparait des « attaques imminentes » contre des américains, sans donner plus de détails. La même thèse a été développée par Israël qui considérait Soleimani comme « un ennemi de premier ordre ». Les partisans de Soleimani disent que le général était « l’architecte » des « échecs stratégiques » des Etats Unis au Moyen Orient. En Irak, la crainte s’agrandit de voir « la guerre USA-Iran » se dérouler sur son territoire. Samedi 4 janvier, des roquettes et obus se sont abattus sur la « zone verte » de Baghdad et sur une base militaire où sont déployés des soldats américains près de Moussoul. Al Hachd châab menace de s’en prendre à des cibles américaines au moment où le Parlement se réunit pour voter un texte portant sur l’expulsion des 5200 soldats américains encore présents sur le sol irakien. L’OTAN, de son côté, a décidé de suspendre ses « opérations » en Irak.