Crise libyenne : Alger et Rome favorables à « un cessez-le-feu », le Caire consulte l’Algérie - Radio M

Radio M

Crise libyenne : Alger et Rome favorables à « un cessez-le-feu », le Caire consulte l’Algérie

Radio M | 09/01/20 13:01

Crise libyenne : Alger et Rome favorables à « un cessez-le-feu », le Caire consulte l’Algérie

A Alger, le ballet diplomatique se poursuit autour du dossier libyen. Après les visites ces derniers jours du président du Conseil présidentiel du Gouvernement d’union nationale (GNA) libyen, Faiz Al Sarraj, et le ministre des Affaires étrangères turc, Mevut Cavusoglu, le ministre italien des Affaires étrangères Luigi Di Maio est arrivé, mercredi 8 janvier, au soir.

Sur son compte twitter, le chef de la diplomatie italienne a annoncé qu’il discutera avec les responsables algériens de la situation en Libye et au Sahel ainsi que de la migration clandestine. Ce jeudi 9 janvier, Luigi Di Maio a animé une conférence de presse avec Sabri Boukadoum, ministre des Affaires étrangères. Sabri Boukadoum a qualifié les relations entre les deux pays d’excellentes dans tous les domaines.

Il a cité l’énergie et l’enseignement supérieur. « Nous sommes en consultation sur plusieurs questions régionales comme la Libye. A ce propos, la coordination avec l’Italie est très bonne. Sur le dossier chaud de la Libye, nous insistons sur certains principes pour qu’ils soient respectés, à savoir, solution politique pacifique en Libye, refus de l’intervention militaire, insistance pour maintenir l’embargo sur les armes et négociations entre toutes les parties libyennes dans le respect du droit internationale et avec appui de la communauté internationale surtout les pays du voisinage. Nous remercions M. Luigi Di Maio et le gouvernement italien pour leur appui de la position de l’Algérie et pour l’insistance auprès des partenaires étrangers sur le rôle que l’Algérie peut jouer sur la Libye », a déclaré le chef de la diplomatie algérienne.

« Le cessez-le-feu en Libye est notre objectif commun »

Le renouveau que connait l’Algérie, après l’élection d’un nouveau président et la nomination d’un gouvernement, est, pour Luigi Di Maio, une grande occasion pour « développer de nouvelles opportunités entre nos peuples et nos pays ».

« C’est également une nouvelle opportunité pour collaborer dans la région. Nous avons là, une occasion historique pour travailler ensemble sur la Libye avec les pays voisins pour trouver une solution. Le cessez-le-feu en Libye est notre objectif commun principal(…) Le travail que fait l’Algérie aux frontières de la Libye profite à toute la Méditerranée. Il prévient les infiltrations terroristes », a soutenu le jeune chef de la diplomatie italienne qui était ces derniers jours à Bruxelles, Istanbul et Le Caire.

« Dans toutes les rencontres que j’ai eue, tout le monde est d’accord sur la nécessité d’un cessez-le-feu en Libye. Maintenant, il est temps de mettre tous les pays et toutes les personnes autour d’une table pour trouver une solution aux fins de garantir la paix dans cette région », a-t-il ajouté.

« Sans la stabilité, il est difficile de lancer de nouveaux projets économiques »

A propos des relations bilatérales, il a évoqué les investissements en matière d’énergie et des nouvelles technologies. « Les jeunes de l’Afrique du nord sont l’avenir du Sud de l’Europe et de la Méditerranée. Nous pouvons investir ensemble dans l’innovation et dans les recherches universitaires pour garantir un avenir à cette nouvelle génération. Cela nous impose des défis économiques importants. Il est possible d’accroître nos économies ensemble comme pour le tourisme.

Alger est une belle ville comme Naples. Nous avons beaucoup d’espaces à remplir avec la collaboration et la coopération. Sans la stabilité, il est difficile de lancer de nouveaux projets économiques. Aussi, devons-nous travailler ensemble sur la stabilité de la région en combattant le terrorisme », a plaidéLuigi Di Maio qui a été reçu par le président Abdelmadjid Tebboune.

Arrivée du ministre égyptien des Affaires étrangères

Ce jeudi 9 janvier, Sameh Choukry, ministre égyptien des Affaires étrangères, est arrivé à Alger pour discuter de la situation explosive en Libye. Le Caire n’est pas sur la même longueur d’onde que l’Algérie. L’Egypte soutient Khalifa Haftar et considère Tripoli, où se trouve le gouvernement Faiz Al Sarraj, de « foyer des Frères musulmans et des terroristes ».

Le Caire a abrité, mercredi 8 janvier, une rencontre sur la situation en Libye qui a réuni, outre l’Egypte, les ministres des Affaires étrangères de l’Italie, de la Grèce, de la France et de Chypre. Le débat s’est concentré notamment sur la décision d’Ankara d’envoyer des troupes en Libye à la demande du gouvernement Al Sarraj. La Grèce, Chypre et l’Egypte ont dénoncé « l’accord maritime » signé, fin novembre 2019, entre Ankara et Tripoli permettant à la Turquie de faire des explorations gazières en Méditerranée orientale. A Alger, le chef de la diplomatie turc a soutenu que l’Algérie et la Turquie vont continuer à se concerter sur la Libye.

Le président Abdelmadjid Tebboune, qui a reçu Mevut Cavusoglu, a déclaré que l’Algérie ne va ménager aucun effort pour imposer un cessez-le-feu en Libye. « Après une analyse approfondie de tous les aspects de la situation, y compris les interventions militaires étrangères en territoire libyen, les deux parties ont convenu de l’impératif d’éviter toute action concrète à même d’aggraver davantage le climat et de ne ménager aucun effort pour un cessez-le-feu. 

Les deux parties ont exprimé, également, le vœu que la conférence internationale prévue sur la Libye (A Berlin, ce mois de janvier) soit le début d’un règlement politique global, garantissant l’unité de la Libye, peuple et territoire, et préservant sa souveraineté nationale », a précisé un communiqué de la présidence de la République, après l’entretien Tebboune-Cavusoglu. 

Abdelmadjid Tebboune a invité son homologue turc Tayyip Recep Erdogan à rendre visite à l’Algérie. Invitation acceptée par Ankara.