Le chapitre Algérie du rapport mondial 2020 de Human Rights Watch (HRW) décrit une année 2019 très particulière marquée par les manifestations anti-gouvernementales « les plus généralisées et les plus persistantes » depuis l’indépendance.
A cette irruption massive des Algériens, les autorités ont répondu par des mesures répressives allant de la dispersion par la force des manifestations pacifiques aux arrestations en passant par les interdictions de réunions et l’emprisonnement de « détracteurs du gouvernement ».
La liberté de réunion a été la première cible de autorités qui ont fait face à un mouvement de contestation pacifique de grande ampleur avec pour objectif de dissuader les Algériens de manifester ou d’en réduire le nombre par des moyens musclés. « … Les forces de police ont été déployées massivement dans les rues et sur les places du centre de la capitale, ainsi qu’à des points de contrôle, avec pour effet de limiter le nombre de personnes parvenant à se joindre aux marches, puis elles ont exercé un contrôle étroit sur celles qui arrivaient à s’y rendre. Les autorités ont arrêté des centaines de manifestants pacifiques, remettant la plupart d’entre eux en liberté sans chef d’accusation au bout de quelques heures, mais engageant des poursuites contre des dizaines d’autres et les emprisonnant.«
Le rapport souligne la brusque aggravation de la répression entre juin et octobre avec 86 personnes arrêtées et inculpées pour « atteinte à l’intégrité du territoire national » au motif du port de l’emblème amazigh. Le rapport documente le fait qu’à la fin octobre « six de ces personnes avaient été jugées et acquittées, une était en liberté dans l’attente de son procès et 79 demeuraient en détention préventive avant leur procès. »
Les atteintes à la liberté d’expression ont été nombreuses et se traduisant par des emprisonnements de personnes qui ont exprimé des opinions. C’est le cas de Hadj Ghermoul, Mouaffak Serdouk (expulsé du Caire lors de la CAN et incarcéré dès son retour à cause d’une pancarte), le moudjahid Lakhdar Bouregaa, Karim Tabou…. Ces atteintes à la liberté d’expression ont pris un tour dramatique à la suite du décès de Kamaleddine Fekhar , le 27 mai au « bout d’une longue grève de la faim en prison ».