Dans le traitement de la crise libyenne, l’Italie a été toujours le partenaire européen privilégié de l’Algérie. C’est ce qui peut expliquer la visite à Alger ces derniers jours du président du Conseil italien Giuseppe Conte et du ministre italien des Affaires étrangères Luigi Di Maio pour discuter du conflit en Libye et des moyens de le régler politiquement à la faveur « d’un dialogue inclusif ».
Rome et Alger partagent la même vision sur la manière de trouver une solution politique à la crise, sans intervention militaire. Avec Paris, l’Algérie a évité, jusque-là, d’aborder le conflit en Libye d’une manière soutenue en raison de l’appui militaire et logistique qu’apporte la France à Khalifa Haftar, autoproclamé chef de l’armée libyenne, une partie au conflit. En mai 2019, Jean Yves Le Drian, ministre français des Affaires étrangères, a déclaré que la France est en Libye « pour combattre le terrorisme ».
« Il s’agit d’assurer la sécurité des pays voisins, qui sont, comme l’Égypte et la Tunisie, des pays essentiels pour notre propre stabilité et sur lesquels le chaos libyen a fait peser un gros risque. Il faut éviter la contagion. Mais si la France est aussi active en Libye, c’est également pour lutter contre les trafics, y compris le pire, celui des êtres humains », a-t-il déclaré au journal Le Figaro.
« L’Algérie est une puissance dont la voix compte »
Après la Conférence internationale de Berlin sur la Libye, tenue sous l’égide de l’ONU dimanche 19 janvier 2020, les choses semblent changer. L’Algérie et la France ont participé à cette conférence qui a insisté sur la nécessité de renforcer l’embargo sur les armes en Libye et sur la solution politique à la crise. Alger s’est proposé d’abriter le dialogue entre les différentes parties libyennes pour avancer vers une solution consensuelle.
A Alger, Jean Yves Le Drian a plaidé pour un rapprochement avec l’Algérie dans le traitement de la crise libyenne en un langage inhabituel. « L’Algérie est une puissance dont la voix compte au plan international. Elle l’a rappelé, récemment, en lançant plusieurs initiatives diplomatiques. C’est une puissance d’équilibre et de paix, fermement attachée au respect de la souveraineté des États et au dialogue politique. L’Algérie est écoutée et respectée, et sur ces bases-là, nous pouvons avoir ensemble une relation extrêmement forte », a-t-il soutenu. Il est revenu sur les discussions de la Conférence du 19 janvier.
« Nous étions ensemble à Berlin, avant-hier, sur le conflit libyen et nous allons coordonner nos efforts, au-delà même de la mise en place d’un cessez-le-feu durable, pour recréer du dialogue politique, et nous allons agir ensemble pour que les efforts que nous avons initiés à Berlin puissent se poursuivre. Nous allons également faire le point sur la situation au Sahel, et rappeler nos objectifs communs de sécurité et de lutte contre le terrorisme. Face à ces défis majeurs, et face à bien d’autres questions, la France et l’Algérie ont une convergence de vues, et notre concertation est primordiale », a déclaré Jean Yves Le Drian qui a été reçu par le président Abdelmadjid Tebboune.