Après les ministres des Affaires étrangères d’Italie, d’Egypte, de Turquie, de France, du Mali, du Congo, du Tchad, du Soudan, de Tunisie et du Mali, venus en Algérie pour discuter de la situation en Libye, le chef de la diplomatie des Emirats arabes unis Abdullah Bin Zayed Al Nahyan est en visite, à Alger, pour les mêmes raisons. Sabri Boukadoum, ministre algérien des Affaires étrangères, était à Abu Dhabi le 15 janvier 2020 pour aborder la situation en Libye et « examiner les moyens à même de mettre un terme à l’escalade militaire, à travers un cessez-le-feu durable, et se concerter autour des voies d’appui au processus de règlement politique de cette crise », selon un communiqué du ministère algérien des Affaires étrangères. Ce déplacement de Sabri Boukadoum a concerné également l’Arabie Saoudite. Ryad et Abu Dhabi sont considérés comme des alliés de Khalifa Haftar, autoproclamé chef de l’Armée nationale libyenne, qui a lancé en décembre 2019 une offensive militaire contre Tripoli où se trouve le gouvernement d’entente nationale (GNA) de Faiz Al Sarradj, gouvernement reconnu par la communauté internationale. L’Algérie et les Emirats arabes unis étaient présents à la Conférence internationale de Berlin consacrée à la Libye. La Conférence a plaidé pour « une solution politique » au conflit en Libye et au renforcement du cessez-le-feu.
L’Algérie a aidé les Emirats à développer le secteur pétrolier dans les années 1970
« Nous avons discuté de questions relatives à la politique internationale. Et comme vous savez, le dossier qui nous intéresse, dans le contexte difficile actuel, est la crise en Libye et dans toute la région. Nous sommes en contact depuis un certain temps et nous avons décidé de continuer sur cette voie », a déclaré Sabri Boukadoum, lors d’une conférence de presse à Alger, sans détailler sur ce qui a discuté ou convenu à propos du conflit libyen. « C’est la troisième fois qu’on se rencontre en l’espace de deux semaines, à Abu Dhabi, Berlin puis Alger. J’espère que notre relation personnelle va densifier les rapports entre les deux pays. Je transmets une invitation de la direction de l’Etat des Emirats pour le président Abdelmadjid Tebboune pour visiter notre pays. Nous souhaitons que cette visite ait lieu dans un proche avenir. Une visite qui va booster la relation entre les deux pays dans tous les domaines », a déclaréAbdullah Bin Zayed Al Nahyan. Il a rappelé que 30.000 algériens travaillent aux Emirats. « Nous voulons que ces chiffres augmentent et que les relations se renforcent notamment dans des secteurs importants comme les énergies renouvelables où la sécurité alimentaire. Nous sommes d’une génération qui se rappelle que l’Algérie a aidé les Emirats au début de la fédération (à partir de 1971) pour développer notamment le secteur du pétrole à travers Sonatrach. Nous pensons qu’il y a un nouveau début pour les relations avec l’Algérie avec la nouvelle direction (du président Tebboune) », a déclaré le chef de la diplomatie émirati.
Relance des investissements émiratis en Algérie
Il a ajouté que son pays veut développer également ses relations politiques avec l’Algérie. « Les conditions actuelles sont difficiles, mais les défis ont toujours été des opportunités. Des opportunités pour l’avenir de nos deux pays et nos deux peuples », a-t-il dit en évitant d’aborder la question libyenne. Sabri Boukadoum a annoncé que la coopération économique et la relance des investissements ont été abordées lors de ses discussions avec son homologue émirati. « Nous avons retenu certains secteurs comme l’environnement, l’énergie, l’agriculture saharienne, le tourisme et les industries mécaniques. Nous nous sommes entendus sur une échange d’idées et d’expériences en matière d’administration et de gouvernance », a-t-il déclaré. En valeur, les investissements émiratis en Algérie sont de l’ordre de 10 milliards de dollars Abu Dhabi veut doubler ce montant en cinq ans. Le nombre des entreprises émiraties activant en Algérie est de 200, contre 15 pour les sociétés algériennes aux Emirats. En 2019, les échanges commerciaux entre les deux pays étaient de 1,14 milliards avec une balance favorable aux Emirats. La plupart des projets émiratis sont concentrés dans l’ouest algérien avec notamment le complexe d’aluminium à Beni Saf d’une valeur de 5 milliards de dollars, du projet d’une centrale électrique et d’une usine de production de lait à Tiaret ainsi que du complexe de fer et d’acier à Relizane.