Alger s’est dit surpris par les déclarations attribuées au président turc Recep Tayyip Erdogan sur les archives des crimes coloniaux français en Algérie. Le chef d’Etat turc, qui était en tournée africaine, a déclaré aux journalistes, qui l’accompagnaient dans l’avion, avoir demandé au président Abdelmadjid Tebboune de lui remettre des archives qui documentent « les massacres commis par l’occupation française en Algérie » que les différents présidents français « refusent de reconnaître ». Selon les médias turcs, Erdogan a promis d’accorder une large diffusion à ces documents pour que « le président Macron se rappelle que son pays a tué cinq millions d’algériens ». Erdogan a ajouté avoir entendu cela du président Tebboune lors de sa visite en Algérie, le dimanche 26 janvier 2020. « Si vous nous envoyer ce genre de documents, nous serons extrêmement heureux », a-t-il dit. Selon lui, le président Tebboune regarde la France, « d’une manière tout à fait différente de ses prédécesseurs ». Erdogan semblait faire allusion au président Abdelaziz Bouteflika.
« Questions sensibles »
Selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères algérien, les déclarations de Tebboune ont été « L’Algérie a été surprise par la déclaration faite par le président de la République turque, Recep Tayyip Erdogan dans laquelle il attribue au président de la République des propos sortis de leur contexte sur une question liée à l’Histoire de l’Algérie. A titre de précision, l’Algérie affirme que les questions complexes relatives à la mémoire nationale, qui revêt un caractère sacré pour le peuple algérien, sont extrêmement sensibles. De tels propos ne concourent pas aux efforts consentis par l’Algérie et la France pour leur règlement », est-il précisé dans le communiqué. Dans un premier temps, l’ENTV, télévision publique, a annoncé que la mise au point au président turc venait de la Présidence de la République à travers un communiqué. Dans un deuxième temps, l’APS, agence officielle, a publié un communiqué du ministère des Affaires étrangères.
« Génocides en Algérie »
En mai 2018, le président turc avait accusé la France d’avoir massacré « cinq millions de musulmans en Algérie ». En 2001, après le vote par le Parlement français d’une loi punissant la négation « du génocide arménien » en Turquie, qui aurait eu lieu en 1915, Ankara a vivement réagi en conseillant à Paris de reconnaître ses « génocides en Algérie ». « On estime que 15 % de la population algérienne a été massacrés par les français à partir de 1945. Il s’agit d’un génocide. Si le président français Nicolas Sarkozy ne sait pas qu’il y a eu un génocide, il peut demander à son père Pal Sarkozy qui a été légionnaire en Algérie dans les années 1940. Je suis sûr qu’il a beaucoup de choses à dire à son fils sur les massacres commis par les Français en Algérie. Les Algériens ont été brûlés collectivement dans des fours. Ils ont été martyrisés sans pitié», a déclaré Erdogan en décembre 2011, à l’époque Premier ministre.