Plus d’un mois après sa désignation, le gouvernement Abdelaziz Djerad n’a toujours pas présenté son plan d’action. Après sa nomination fin décembre 2019, Abdelaziz Djerad a évoqué la nécessité de « travailler ensemble pour relever les défis socioéconomiques auxquels est confronté le pays ». « Nous devons travailler avec l’ensemble des compétences nationales, des cadres et des citoyens en vue (…) de sortir le pays de cette période délicate », a-t-il soutenu. Dimanche 5 janvier 2020, le président Abdelmadjid Tebboune a, lors du premier Conseil des ministres, demandé au nouveau gouvernement de préparer « le plan d’action » qui sera la traduction sur le terrain de son programme électoral et de ses « 54 engagements ». Les secteurs ministériels devaient préparer leurs programmes. Le 8 janvier 2020, le gouvernement a tenu sa première réunion pour examiner « la méthodologie d’élaboration du plan d’action et la mise en œuvre du programme du président de la République ». Abdelaziz Djerad a demandé aux ministres d’œuvrer à « développer une nouvelle approche de la gouvernance basée sur l’efficience et la transparence de la gestion des affaires publiques ». Il a évoqué la nécessité de « débureaucratiser définitivement les procédures administratives qui concernent directement es citoyens », de moderniser « les rapports entre les administrations et les agents économiques », de rationaliser les dépenses publiques et d’accorder « de l’importance au dialogue social ».
« Diagnostic rigoureux »
Il a également appelé les membres du gouvernement à élaborer « un diagnostic rigoureux » de leurs secteurs pour permettre de « prendre les décisions adéquates ». Il n’a pas précisé si cela devait se faire avant l’élaboration du « plan d’action » du gouvernement. Un plan qui, selon lui, doit préciser les modalités liées aux opérations à réaliser, au calendrier et à la finalisation des projets. Aucune date n’a été donnée pour la remise du « plan d’action » au Conseil des ministres qui doit l’étudier avant de le soumettre au Parlement pour débat et examen. Trois conseils de ministres ont été tenus en un mois sans que le Premier ministre ne présente son plan d’action ou donner un aperçu de ce qu’il veut faire les prochains mois. Il a présenté, à chaque réunion du Conseil des ministres, un rapport de l’action de son gouvernement durant la période précédant la réunion. Un rapport qui n’est pas rendu public. Plusieurs ministres ont pris la parole ces dernières semaines pour réagir à des faits d’actualités ou donner une idée sur ce qu’ils veulent faire dans leurs secteurs. C’était notamment le cas des ministres du Commerce, de la Culture et de la Santé.
Incertitude économique
Resté en retrait, Abdelaziz Djerad ne s’engage pas dans le débat public. L’espace est entièrement occupé par le président Abdelmadjid Tebboune qui, en plus de ses nombreuses activités diplomatiques, enchaîne les décisions et les nominations des hauts cadres de l’Etat. L’incertitude économique, l’accélération des revendications sociales et la poursuite de la contestation populaire dans la rue n’ont visiblement eu aucun effet sur le rythme de travail du gouvernement. Le Premier ministre reconnait, lui-même, que la situation du pays est délicate. Pourquoi alors aucune date n’est avancée pour la finalisation du « plan d’action » du gouvernement ? Le temps n’est-il pas une contrainte majeure en pareilles situations ? Le gouvernement a-t-il d’autres priorités ? Le volet politique parait être pris en charge par le président de la République qui travaille pour « une nouvelle Algérie ». Les urgences économiques et sociales, elles, sont, théoriquement », du ressort du Premier ministre qui, jusqu’à présent, n’a pas encore dit ce qu’il entend faire pour relancer l’appareil économique et répondre aux revendications sociales qui vont devenir de plus en plus nombreuses et de plus en plus lourdes.