L’ex ambassadeur de France en Algérie, Xavier Driencourt, a estimé mardi que son pays est contraint d’entretenir des relations normales avec l’Algérie compte tenu de l’histoire et de la dimension humaine qui lient les deux pays. Il plaide pour un « rapport de force équilibré ».
« On est obligés, condamnés à avoir une relation normalisée avec l’Algérie. Il faut être dans un rapport de force. Les algériens ont été occupés par la France 132 années, mais ils ont été formés par 20 ans de système soviétique, ils ont été formés par l’armée soviétique, ils ne comprennent que le rapport de force », a affirmé Xavier Driencourt dans un entretien accordé au Figaro pour commenter la visite de la première ministre française Elisabeth Borne en Algérie.
Qualifiée de symbolique, cette visite de deux jours d’Elisabeth Borne à la tête d’une importante délégation, ne vise pas, selon lui, à négocier le gaz mais à maintenir « le rythme, entretenir la flamme et entretenir l’amitié ». « Car dans les relations franco-algériennes, il y a des hauts et des bas depuis 1962 », dit-il.
Xavier Driencourt plaide pour une relation équilibrée entre les deux capitales, Paris et Alger. « Il faut être à la fois ferme et affectif avec les Algériens. Il faut se faire respecter sur les relations économiques, les relations migratoires, le dossier mémoriel et sur la vie quotidienne des Français en Algérie parce qu’il y a encore des Français en Algérie et leur situation n’est pas facile ».
Estimant que la relation entre la France et l’Algérie « ne fait pas l’unanimité », l’ex ambassadeur cite, dans ce contexte, ce qui est advenu du propriétaire de l’établissement où Macron avait dîné récemment à Oran. Il s’agit de l’hôtel « Liberté » d’Oran où le président français a dîné en privé lors de sa visite de trois jours en Algérie. Quelques jours plus tard, l’hôtel a été fermé par les autorités locales. Trois autres établissements du groupe ont également subi le même sort.
Rappelant les gestes entrepris par Macron à l’égard de l’Algérie (restitution des crânes et reconnaissance de la responsabilité de l’Etat français dans l’assassinat d’Ali Boumendjel et Maurice Audin), Xavier Driencourt estime que l’Algérie devrait faire de même. « Il faudrait que du côté algérien, il y ait également des gestes. Il faut que l’Algérie fasse aussi des gestes. C’est ça le bon rapport de force, c’est-à-dire un rapport équilibré », exhorte le diplomate français qui cite, dans ce cadre, des disparus français en Algérie, près d’un millier, et dont le sort est inconnu à ce jour.