Président du RCD, Atmane Mazouz revient dans cet entretien sur l’interdiction de l’université d’été que devait organiser ce weekend son parti à Azzefoune. Il évoque également la dérive autoritaire visant, selon lui, à remettre en cause le pluralisme politique.
Propos recueillis par Meziane I.
-Comment expliquez-vous ce revirement des autorités qui ont décidé carrément d’interdire votre université d’été ?
-Je ne me l’explique pas. Une chose est sûre, ce Gouvernement, déjà en manque de légitimité et de crédibilité, continue de fortifier son isolement interne. Cela renseigne aussi sur la cacophonie au sommet de l’État et dans l’administration.
-Pourtant, il était question seulement de changement de date en raison prétendument de la tenue des élections partielles ?
– Oui. On savait que c’était un prétexte de circonstance tout en espérant que, s’agissant d’une activité dans un lieu fermé, la raison l’emportera. Finalement, comme on dit « teba3 elkedhab Heta Bab darou » et le pouvoir finira par dévoiler sa véritable nature.
-Cette interdiction, qui s’ajoute à d’autres auparavant, est-elle liée aux activités du parti au sein du PAD (pacte pour l’alternative démocratique)?
-L’interdiction participe d’une ligne politique qui veut que toute activité qui n’émane pas des arcanes du système ne trouve pas grâce auprès de ce pouvoir. L’offensive contre le PAD s’inscrit dans cet agenda. Les attaques régulières contre le RCD visent à réduire ses activités en intra-muros et à atténuer de son influence. Elles expriment la volonté du pouvoir de fait à circonscrire le multipartisme au moule des partis qui prêtent d’abord allégeance au maître du moment avant de leur dicter leur rôle dans cette opération de normalisation autoritaire.
-Ce raidissement du pouvoir traduit-il une orientation et une volonté d’une remise en cause du pluralisme ?
-C’est l’évidence. Un autoritarisme ou une dictature n’a pas besoin de partis politiques autonomes. Elle a besoin d’une administration pour laquelle les partis ne peuvent être que des supplétifs corvéables et malléables à merci qui se contenteront de quelques subsides et strapontins.
-Comment expliquez-vous le silence de certains partis par rapport à ces dépassements ?
J’ai déjà répondu à votre interrogation. Cela étant dit, ce que vous nommez dépassements, ce sont des violations flagrantes des droits des citoyens dûment consacrés par la Constitution et les textes et conventions internationales ratifiés par notre pays.
-Vous avez annoncé des actions. Peut-on connaître leur nature ?
Nous avons déjà intenté une double action en justice. Pour le reste, la direction se réunira incessamment pour décider de la suite à donner à cette entreprise totalitaire du pouvoir de remettre en cause le pluralisme politique et l’exercice démocratique dans le pays.