Le prestigieux média américain The Washington Post a consacré une page entière, ce vendredi 24 février 2023, au journaliste en prison Ihsane El Kadi, deux mois jour pour jour après son arrestation et la mise sous scellés des médias Radio M et Maghreb Emergent.
« Les autorités algériennes ont mis en prison la dernière voix indépendante du pays », a intitulé le Washington Post. « Les publications et les TalkShows d’Ihsane El Kadi étaient les derniers espaces de débats décomplexés et de critiques en Algérie », ajoute le média dans son numéro paru ce vendredi.
L’arrestation d’Ihsane E l Kadi a suscité l’indignation et un vaste élan de solidarité nationale et internationale. Plusieurs médias et patrons de médias nationaux et internationaux de référence et des organisations de défense des droits humains et de la liberté de la presse ont condamné son incarcération et appelé à sa libération immédiate.
Une pétition exigeant sa libération et la levée des scellés sur les deux médias qu’il dirige a été signée par un grand nombre d’intellectuels, de chercheurs, de journalistes, d’historiens, d’ONG, de défenseurs des droits humains, et même des artistes.
Une autre pétition a été lancée par Reporter sans frontière, le 27 janvier 2023, exigeant sa libération immédiate, est en cours depuis le 27 janvier 2023.

Ihsane El Kadi est en prison depuis le 29 décembre 2022
Le journaliste et directeur de Radio M et de Maghreb Émergent a été arrêté à minuit trente le 24 décembre 2022 par des agents de la sécurité intérieurs à son deuxième domicile à Zemouri, dans la Wilaya de Boumerdes. Le lendemain, les locaux d’Interface Médias, éditrice de Radio M et de Maghreb Émergent, ont été perquisitionnés en présence d’Ihsane El Kadi menotté. Cette perquisition s’est suivie par la saisie du matériel informatique de l’entreprise, et la mise sous scellés des locaux.
Ihsane El Kadi a été maintenu en garde à vue au centre de la direction de la sécurité intérieure pendant cinq jours, avant d’être présenté devant le procureur puis le juge d’instruction sans informer ses avocats le 29 décembre 2022. Le juge d’instruction l’a placé sous mandat de dépôt. Selon le collectif d’avocat de défense, le directeur de Radio M et de Maghreb Emergent est poursuivi pour : « réception de fonds et d’avantages d’organismes et de personnes à l’intérieur du pays et de l’étranger dans le but de commettre des actes susceptibles d’attenter à la sécurité et à la stabilité de l’Etat, à l’unité nationale et à l’intégrité territoriale », « publication au grand public de contenus de nature à nuire à l’intérêt national », et « collecte de fonds sans autorisation ».
Le mandat de dépôt du journaliste a été confirmé par la chambre d’accusation près la Cour d’Alger le 15 janvier dernier, alors que l’examen de son dossier de liberté provisoire était prévu le 18 janvier, ce qui a suscité l’indignation de ses avocats. Une autre audition a été programmée le 15 février au tribunal de Sidi Mhamed. Estimons qu’il n’a pas eu droit à un procès équitable et que ses droits en tant qu’accusé n’ont pas été respectés, Ihsane El Kadi a gardé le silence devant le juge d’instruction, se référant aux articles 14-p3 au pacte international des droits civils et politiques, ratifié par l’Algérie, et à l’article 171 de la constitution qui exige au juge l’application des traités ratifiés.
Une autre demande de liberté provisoire pour le directeur de Radio M et Maghreb Emergent a été introduite par ses avocats au niveau de la chambre d’accusation. Le 23 février, le collectif de défense a demandé au juge d’instruction de Sidi M’hamed de changer la composante de la chambre d’accusation, qui avait confirmé le mandat de dépôt le 15 janvier, et qui devrait statuer le 27 février prochain sur la demande de sa liberté provisoire. Peu après, le juge d’instruction a prononcé un non-lieu partiel et la programmation imminente du procès du journaliste.