La Cour d’Alger a décidé, ce dimanche 1 mars 2020, dans un procès en appel, d’inoncenter les proriétaires de la chaîne de télévision privée Atlas TV et de lui restituer le matériel. Le premier jugement a été prononcé le 10 octobre 2019 par le tribunal de Sidi M’Hamed. Atlas TV a été suspendue le 12 mars 2014 après diffusion d’une émission politique durant laquelle Ahmed Merani, ancien ministre des Affaires religieuses, a dénoncé la décision d’Abdelaziz Bouteflika de se présenter pour un quatrième mandat le qualifiant de « momie ». « Merani a été poursuivi pour « port d’armes sans autorisation ». On ne voulait pas qu’on comprenne que la poursuite était liée à ses déclarations sur Bouteflika. Dans le premier PV de gendarmerie nationale, il était clairement mentionné « outrage au président de la République ». Cela a été supprimé après. Pour ma part, on m’a collé l’accusation d’avoir usurpé le statut de militaire alors que je ne le suis pas. Je suis avocat, enseignant universitaire et chef de parti (Parti patriotique libre). Il fallait qu’il porte sur nous des accusations de droit commun pour justifier la fermeture de la chaîne sans que cela apparaisse comme un acte politique.On nous a accusé de diffuser sans autorisation », précise, dans une déclaration à Radio M Post, Tarek Yahioui, PDG d’Atlas TV. Il a indiqué que la justice a ordonné la restitution de tout le matériel saisi par les gendarmes dans les locaux de la chaîne à Alger et dans le studio de Baba Ali, au Sud d’Alger. Tarek Yahiaoui annonce qu’il va déposer plainte contre Anis Rahmani, directeur de la chaîne Ennahar, contre Ali Haddad, patron du groupe Medias Temps Nouveaux (qui diffuse Dzair TV), et Said Bouteflika, frère et conseiller de l’ancien président Abdelaziz Bouteflika. Les trois hommes sont en détention.
« Je ne vais pas les lâcher… »
« Je ne vais pas les lâcher. Ils ont utilisé notre matériel pour lancer, à l’époque, la chaîne Wiam. Nous attendons de reçevoir l’inventaire officiel du tribunal de matériel. Nous allons déposer plainte contre tous, surtout ceux qui ont ordonné qu’on utilise notre matériel et qu’on ferme notre chaîne », souligne-t-il. Financé par plusieurs hommes d’affaires dont Ali Haddad, Ahmed Mazouz et Redha Kouninef, Wiam TV a été lancée fin mars 2014, dirigée par Lotfi Cheriet, ancien directeur de l’information à l’ENTV. La chaîne a recruté des techniciens et des journalistes de l’ENTV avec le consentement de la direction de la chaîne publique assurée à l’époque par Toufik Kheladi. Elle s’est appuyée aussi sur le personnel de Dzair TV. Après la « réelection » d’Abdelaziz Bouteflika, pour un quatrième mandat, la chaîne Wiam TV a cessé d’émettre, son matériel « distribué » dans des conditions opaques. Début 2019, une autre chaîne devait être lancée portant l’appellation de « El istimraria » (la continuité) qui devait faire de la propagande pour le 5ème mandat pour Bouteflika et devait également être dirigée par Lotfi Cheriet. Tarek Yahiaoui dit vouloir demander réparation. « On m’a inoncenté après six ans de poursuites. Cela veut dire qu’ils reconnaissent qu’une injustice a été commise contre nous. De plus, je fais l’objet d’une interdiction de sortie du territoire (ISTN) depuis six ans. J’attend qu’on me notifie le jugement pour demander la levée de cette mesure. La loi n’autorise l’ISTN que pour trois mois, renouvelable une fois. Avec moi, c’était l’exeption. Même la I’issaba qui a volé l’Algérie n’a pas eu un tel traitement », dénonce le patron d’Atlas TV. Il annonce qu’il envisage de relancer la chaîne de télévision en renouvelant les demandes d’accréditation auprès du ministère de la Communication et en récupérant tout le matériel de la chaîne. « Nous voulons travailler en toute liberté. Par exemple, la chaîne doit couvrir le hirak. Notre chaîne a été fermée à cause de nos positions et nos principes.Certains ont dit que nous étions contre le 4ème mandat alors qu’Atlas TV était une chaîne ouverte. Eux, ils étaient contre la liberté. Ils ne voulaient pas écouter l’autre opinion. Pour eux, donner la parole à d’autres avis, c’est un acte d’hostilité », a-t-il appuyé.