Accusé de corruption, Netanyahou pourrait ne pas diriger le nouvel exécutif israélien - Radio M

Radio M

Accusé de corruption, Netanyahou pourrait ne pas diriger le nouvel exécutif israélien

Radio M | 05/03/20 11:03

Accusé de corruption, Netanyahou pourrait ne pas diriger le nouvel exécutif israélien

La campagne pour l’en empêcher pourrait être soutenue par les membres de la liste unique arabe qui a obtenu 15 sièges aux législatives du 2 mars 2020, remportées par le Likoud de Benyamin Netanyahou et ses alliés d’extrême droite.

Si les résultats non encore définitifs des législatives israéliennes indiquent que le Likoud de Benyamin Netanyahou a obtenu le plus grand nombre de sièges à la Knesset (36), la reconduite de l’actuel Premier ministre à la tête du gouvernement ne semble pas aller de soi.

Arrivé deuxième, le bloc Bleu et Blanc, mené par l’ancien chef d’état-major de l’armée Benny Gantz, œuvre à faire voter une loi qui interdirait à Benyamin Netanyaou de rempiler pour un nouveau mandat pour son implication dans des affaires de corruption sur lesquelles la justice israélienne enquête actuellement. Une telle initiative, si elle était prise, aurait le soutien du bloc de gauche Avoda-Meretz-Gesher mais aussi, et surtout, de la liste commune des Arabes d’Israël.

Vers un gouvernement formé directement par la Knesset ?

Selon les résultats provisoires des législatives israéliennes du 2 mars 2020, des partis de la droite et de l’extrême droite israéliennes ont totalisé 58 sièges : 36 pour le Likoud, mené par Benyamin Netanyahou, 9 pour le parti religieux ultra-conservateur Shas, 7 pour le parti Israël Beteinou de l’ex-ministre de la Défense Avigdor Lieberman et 6 pour la coalition Yamina (les partis Foyer juif et Tkuma). Le principal rival du Likoud, le bloc Bleu et Blanc de l’ancien chef d’état-major de l’armée Benny Gantz, n’a obtenu, quant à lui, que 33 sièges : même avec le soutien de l’alliance Avoda-Meretz-Gesher (6 sièges) et de la liste arabe commune (15 sièges), il ne peut pas envisager, dans l’état actuel des alliances politiques, de diriger le gouvernement.

Selon des sources israéliennes cités par Russia Today Arabic, il n’est pas exclu que le président israélien Reuven Rivlin, en cas d’échec des deux blocs parlementaires les plus importants à former le gouvernement, charge la Knesset de désigner parmi ses membres un qui le formerait à la condition qu’il soit soutenu par la moitié des députés plus un, soit 61 sur 120.

Les députés arabes accusés par Netanyahou de « soutenir le terrorisme »

Benyamin Netanyahou a réagi à la campagne visant à le priver de conduire le prochain exécutif en estimant qu’ elle sapait les « fondements de la démocratie » et était « contraire à la volonté des électeurs ». Il a reproché à Benny Gantz, le leader de Bleu et Blanc, de s’allier aux membres de la liste unique des Arabes d’Israël qu’il a accusés de « soutenir le terrorisme », de « souiller la réputation des soldats israéliens » et de « s’opposer à la judaïté de l’Etat d’Israël ». En effet, la liste unique des Arabes d’Israël n’exclut pas de s’allier à Benny Gantz dans le but d’écarter l’actuel Premier ministre de la direction du gouvernement. D’après un de ses membres, Ahmed Al Tayebi, « si Benyamin Netanyahou ne démissionne pas de lui-même et qu’une telle loi est proposée à la Knesset, nous l’étudierons et, probablement, la soutiendrons. »

L’implication des députés arabes israéliens dans la campagne visant à empêcher Benyamin Netanyahou de rempiler à la tête du gouvernement s’explique par l’accent que met ce dernier sur la judaïté de l’Etat d’Israël qui compte, pourtant, une grosse minorité arabe, estimée à 20% de la population et restée liée aux Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie dont elle a été séparée par la proclamation de l’Etat hébreu, en 1948.

Cette implication s’explique également par la radicalisation du discours pro-colons de Benyamin Netanyahou qui éloigne toute perspective de paix durable entre Israéliens et Palestiniens. L’actuel Premier ministre a, maintes fois, promis à ses électeurs l’annexion pure et simple des colonies israéliennes de Cisjordanie et de Jérusalem-Est. Il bénéficie, pour exécuter ses plans annexionnistes, de la bénédiction de l’administration américaine qui a fait de l’annexion de ces colonies un des points centraux du plan de paix israélo-palestinien appelé l’« Accord du siècle ».