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Algérie : au moins 261 femmes victimes de féminicide depuis 2019

Radio M | 26/11/23 14:11

Algérie : au moins 261 femmes victimes de féminicide depuis 2019

Au moins 261 femmes ont été victimes de féminicides en Algérie depuis 2019, indique un rapport du Collectif Féminicide Algérie, qui documente les cas relatés par la presse.

« Au moins 33 femmes ont été assassinées entre janvier et novembre 2023 et 261 femmes depuis 2019 », a indiqué Wiame Awrès membre du Collectif « Féminicides Algérie », à Alger à l’occasion de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes.

« La moitié étaient des mères de famille et 16 étaient enceintes au moment de leurs assassinats », a-t-elle ajouté.

« Féminicide Algérie » a commencé, en 2019, à recenser les cas de féminicides commis en Algérie. Selon leur rapport, il y aurait au moins une femme assassinée par semaine. La plupart des victimes ont été assassinées par leurs proches. Elles ont été souvent poignardées, tuées avec arme à feu, brûlées vive ou torturées jusqu’à la mort. « Leur point commun est d’être ciblées parce que femmes », dans un pays où règne le patriarcat et où la société reste très conservatrice, a estimé Wiame Awras.

 Pas de chiffres exacts sur le nombre de femmes victimes de féminicides. Les chiffres de Féminicides Algérie sont loin d’être exhaustifs car le Collectif se base sur des articles de presse. Les chiffres officiels sont loin de refléter la réalité. Par exemple en 2021, le rapport annuel de la police mentionnait 28 cas de féminicides, contre 49 recensés par Féminicide Algérie durant la même période.

Les raisons invoquées par les meurtriers étaient notamment la jalousie, de « supposés crimes d’honneur » et des troubles mentaux. « Près de 80% des féminicides sont commis par un membre de la famille de la victime », a relevé Wiame Awras en précisant que dans 61% des cas, il s’agit du conjoint, dont certains sont des « policiers ou militaires qui ont assassiné leurs épouses avec leur arme de service ».

Le collectif a dénoncé des lacunes dans le système judiciaire algérien, estimant qu’il ne protège pas suffisamment les femmes contre ce type de violences et sanctionne trop légèrement certains auteurs de féminicides.

En quatre ans, 13 condamnations à mort ont été prononcées en Algérie, toutes commuées en réclusion à perpétuité en vertu d’un moratoire sur la peine de mort dans le pays en vigueur depuis 1993.