20 ans de réclusion requis contre tous les accusés dans l'affaire "Rachad" d'Oran - Radio M

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20 ans de réclusion requis contre tous les accusés dans l’affaire « Rachad » d’Oran

Radio M | 03/12/23 14:12

20 ans de réclusion requis contre tous les accusés dans l’affaire « Rachad » d’Oran

Le procès des défenseurs des droits humains Kaddour Chouicha, Djamila Loukil, Mustapha Guerra, le journaliste Said Boudour et plusieurs activistes s’est ouvert, ce dimanche, au tribunal de Dar El Beida, après plus de deux ans depuis l’ouverture de cette affaire.

Le procureur a requis une peine de 20 ans de réclusion contre tous les accusés. Ils sont poursuivis par les chefs d’inculpation criminels d’« enrôlement dans une organisation terroriste ou subversive active à l’étranger ou en Algérie » et « des publications susceptibles de nuire à l’intérêt national ».

Une douzaine de personnes sont poursuivies dans cette affaire, dont quatre en détention provisoire depuis trente deux mois, trois en liberté provisoire et trois sous contrôle judiciaire. Parmi eux, les défenseurs des droits humains Kaddour Chouicha, Mustapha Guerra, Djamila Loukil ainsi que le journaliste Said Boudour. Ils ont été arrêtés en avril 2021, en lien avec la répression du Hirak.

A la barre, les accusés ont été interrogés sur leurs liens présumés avec l’organisation Rachad, classée par l’Etat algérien comme organisation terroriste. Certains d’entre eux sont soupçonnés d’avoir reçu des fonds de cette organisation.

Allégation de torture et de mauvais traitements

Premier à avoir été arrêté dans cette affaire, Yassir Rouibah, 21 ans, a nié avoir impliqué ses coaccusés, affirmant avoir « signé des déclarations fabriquées de toutes pièces ».

 Il a déclaré avoir été « torturé et humilié dans les locaux de la police d’Oran pendant sa garde à vue » :

« J’ai été torturé pendant trois jours dans les locaux de la police. Un officier des services à Magenta a uriné sur moi. On m’a dénudé et pris en photo pour m´humilier davantage », a déclaré Yasser Rouibah.

Au tour du journaliste Said Boudour d’affirmer, lui aussi, avoir été  » frappé, insulté, blessé et humilié » pendant son arrestation par cinq agents des services de police.

 » Les policiers ont refusé que le médecin légiste m´examine. Je salue le courage de cette dame qui leur a tenu tête. J´ai demandé à voir le procureur mais me l´a refusé « , a-t-il déclaré avant d’ajouter que les preuves, des certificats médicaux, ont disparu de son dossier.

Le journaliste a également affirmé qu’il ne connaissait aucun des accusés, à l’exception de Kadour Chouicha et son épouse Djamila Loukil qu’il a connus dans le cadre de la défense des droits humains.

En visite officielle en Algérie, la Rapporteuse spéciale des nations unies sur les défenseurs des droits humains, Mary Lawlor, a fait un déplacement symbolique, ce matin, au tribunal de Dar El Beida. Elle est repartie avant l’ouverture de l’audience.

A noter que le grand absent de cette audience est l’accusé Yahia Makhiouba, un ex dirigeant de Rachad installé en France. Ce dernier fait l’objet d’un mandat d’arrêt international et classé comme « terroriste » par l’Etat algérien. Il a également été condamné par défaut dans plusieurs procès pour « terrorisme ». A la surprise générale, il a, lors de la première audience de ce procès, qui a été reportée, fait une apparition dans la salle d’audience avant de se diriger vers le bureau du procureur. Il a quitté le tribunal sans être inquiété.

Le procès est toujours en cours.