Deux procès attendent le journaliste, rédacteur en chef du Provincial, Mustapha Bendjama, le 12 et le 14 décembre. Il s’agit de deux procès en appel, dont le premier est prévu à Annaba et le second à Constantine.
Le journaliste, en détention depuis 10 mois, sera jugé en appel devant la Cour d’Annaba ce 12 décembre dans l’affaire dite du « mariage clandestin ». Une affaire déclenchée après une plainte déposée contre lui par l’ex Wali d’Annaba, Djamel Eddine Berrimi. Mustapha Bendjama a été condamné, en juillet dernier, à une amende de 30 000 dinars et de 50 000 dinars à verser au trésor public pour « diffamation » et « atteinte à l’ordre public ».
Cette affaire remonte à la période du confinement pendant le Covid19 lorsque le journaliste a révélé, en mars 2020, la tenue d’une fête de mariage en infraction des restrictions sanitaires. Voulant épargner qu’une catastrophe sanitaire se produise, il a appelé le Wali Djamel Eddine Berimi à intervenir. La justice a condamné le journaliste à cause d’une vidéo qu’il a publiée en directe sur son compte Facebook rapportant les témoignages des citoyens, un article publié dans le Provincial, dont il est le rédacteur en chef, ainsi que des déclarations qu’il a tenues sur la chaine de télévision Al Hadath.
Le journaliste sera jugé dans une autre affaire le jeudi 14 décembre. Il s’agit de son procès en appel dans l’affaire dite « Amira Bouraoui » prévu à la Cour d’appel de Constantine. Le 7 novembre dernier, le pôle pénal spécialisé de Constantine l’avait condamné à six mois de prison ferme pour avoir prétendument aidé la militante politique Amira Bouraoui à quitter le pays d’une manière illégale. La justice lui reproche d’avoir contacté Amira Bouraoui deux semaines avant son départ pour demander des nouvelles sur son état de santé et d’avoir posté une publication sur les réseaux sociaux, le 6 février 2023, pour informer l’opinion publique que la militante était sur le point d’être extradée de Tunis vers Alger.
Demande de remise en liberté
Dans le même temps, l’examen de la demande de remise en liberté de Mustapha Bendjama a été programmé le 14 décembre. Cette demande a été introduite par son collectif de défense qui considère son maintien en détention illégal après le verdict de l’affaire « Amira Bouraoui ». Le journaliste a été placé sous deux mandats de dépôt simultanés le 19 févier 2023 dans deux affaires distinctes. Deux affaires qui ont été ouvertes à l’issue de dix jours de garde à vue pendant lesquels Mustapha Bendjama a été contraint, sous la torture, à donner accès à son smartphone aux autorités.
Evoquant l’article 13 du code de l’organisation pénitentiaire, son avocat Me Abdallah Haboul affirme que le journaliste a purgé la totalité des deux peines prononcées contre lui, à savoir celle de huit mois de prison ferme dans l’affaire du présumé « financement étranger » et celle de six mois de prison ferme dans l’affaire « Amira Bouraoui ».
Mustapha Bendjama est le journaliste le plus poursuivi en Algérie. Depuis le Hirak de 2019, il a été poursuivi dans une dizaine d’affaires sans compter les arrestations et les convocations aux postes de police. Il est aussi visé par une interdiction de quitter le territoire national (ISTN) depuis 2019. Détenu à la prison de Boussouf, à Constantine, le journaliste est en grève de la faim depuis deux mois pour protester contre sa détention arbitraire et les multiples violations des procédures qui entachent son affaire.