Alors que Reporters sans frontières (RSF) fait état de 45 journalistes et collaborateurs des médias tués dans le cadre de leurs fonctions en 2023, un décompte bien inférieur aux 80 morts rapportés du côté de Gaza, l’ONG serait-elle passée à côté d’une partie du bilan ?
Cet écart important dans les chiffres présentés interpelle. Comment RSF procède-t-elle dans son décompte macabre ? Une clarification s’impose de la part de l’organisation quant à sa méthodologie, surtout lorsqu’il s’agit d’un sujet aussi grave et symbolique que la mort de journalistes sur le terrain.
Car ne nous y trompons pas, Gaza reste l’une des zones les plus meurtrières pour les reporters ces dernières années. Rien que depuis le 7 octobre 2023, pas moins de 80 journalistes y ont perdu la vie, selon plusieurs organisations internationales, la FIJ notamment. Un triste record qui tranche avec les bilans bien plus légers avancés par RSF.
La méthodologie de RSF en question
Interrogé sur cette différence de bilan, Khaled Drareni, représentant de RSF en Afrique du Nord, apporte quelques éclairages, non sans rappeler que « RSF a porté plainte auprès de la CPI pour crime de guerre contre les journalistes à Gaza ».
Selon lui, l’ONG « a un mécanisme spécial pour le décompte ». « Nous calculons d’abord le nombre total de journalistes tués dans le monde, puis nous faisons un autre calcul distinct pour dénombrer plus spécifiquement les journalistes tués dans l’exercice de leurs fonctions », a-t-il indiqué.
S’il confirme qu’effectivement « plus de 80 journalistes ont été tués dans la bande de Gaza depuis le début du conflit », ses propos laissent entendre que tous ne seraient pas morts « dans l’exercice de leurs fonctions ». Une nuance qui expliquerait en partie l’écart entre les bilans, mais qui porte à confusion.
En effet, RSF avance également que « la baisse du nombre de journalistes tués peut s’expliquer en partie et dans certaines zones par un renforcement de la sécurité des journalistes ». Difficile de concilier sécurisation accrue et explosion du nombre de morts à Gaza…
Au final, le plus important est sans doute que la tragédie des reporters à Gaza ne soit pas ignorée, que RSF ait ou non intégré toutes les victimes à son rapport. Chaque journaliste tombé en mission mérite reconnaissance.