Le président de l’Assemblée populaire nationale (APN), Brahim Boughali, a déclaré jeudi soir sur la chaîne parlementaire son intention de rouvrir le dossier sensible des indemnités des députés, gelées depuis 2004.
Cette annonce intervient quelques semaines après l’adoption du nouveau règlement intérieur de la chambre basse. Si Boughali met en avant le décalage avec l’érosion monétaire depuis 20 ans, cette perspective ravive le débat récurrent sur les privilèges de la « caste » politique.
« Après l’adoption du nouveau Règlement intérieur, nous ouvrirons le dossier de la révision du statut du membre du Parlement et celui du régime des indemnités parlementaires qui n’a pas été revu depuis 2004 », a-t-il déclaré.
Si certains parlementaires jugent cette rémunération insuffisante eu égard à leurs responsabilités, de nombreux observateurs dénoncent une décision qui intervient dans un contexte de forte inflation et de baisse générale du pouvoir d’achat des ménages algériens.
En effet, ces dernières années, l’inflation s’est emballée en Algérie, entraînant une augmentation généralisée des prix qui n’a pas été compensée par des revalorisations équivalentes des salaires, retraites et minimas sociaux.
Cependant, une hausse des salaires des fonctionnaires a été actée en ce début d’année 2024. Nadir Larbaoui, le Premier Ministre, a en effet instruit la mise en œuvre pour 2024 des augmentations prévues pour la fonction publique.
Toutefois, au regard de l’inflation galopante des dernières années, ces augmentations pourraient encore se révéler insuffisantes pour compenser la perte de pouvoir d’achat. Àtitre indicatif, le salaire national minimum garanti est passé de 18 000 à 20 000 dinars entre 2018 et 2022, soit une hausse de 11%. Dans le même intervalle, le taux d’inflation cumulé atteint près de 50% selon les statistiques officielles.
Côté fonctionnaires, s’ils bénéficient donc de ces augmentations en 2024, la perte de pouvoir d’achat reste manifeste sur la période récente. Le point indiciaire servant de référence pour leurs salaires a augmenté de 10% depuis 2017, largement en-deçà de l’inflation.
Résultat : on estime qu’un fonctionnaire percevant le salaire moyen a perdu l’équivalent d’un mois de salaire en pouvoir d’achat depuis 2018.
Augmenter dans ce contexte les indemnités des députés, dont le salaire actuel est déjà 7 fois supérieur au salaire minimum, apparaît donc comme un privilège indécent accordé à une « caste » politique déconnectée des difficultés quotidiennes du peuple algérien.