Conseil de sécurité de l'ONU : l'Algérie peut-elle vraiment faire bouger les lignes ? - Radio M

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Conseil de sécurité de l’ONU : l’Algérie peut-elle vraiment faire bouger les lignes ?

Radio M | 14/01/24 17:01

Conseil de sécurité de l’ONU : l’Algérie peut-elle vraiment faire bouger les lignes ?

Après deux décennies d’absence, l’Algérie signe son retour au Conseil de sécurité de l’ONU. Un comeback qui ne sera pas qu’une simple formalité protocolaire si l’on en croit le think tank américain Washington Institute. Dans une récente note, ses experts estiment que ce mandat de deux ans pourrait « affecter les efforts de Washington dans plusieurs dossiers ».

Certes, en tant que membre non-permanent, l’influence algérienne reste limitée face aux cinq membres permanents détenant un droit de veto. Mais Alger entend bien tirer parti de sa position pour peser sur certains votes, en coordonnant son action avec d’autres membres non-permanents afin de former des majorités.

Sahara occidental : l’abstention comme signal

Le conflit du Sahara occidental demeure le dossier stratégique numéro un pour l’Algérie. Soutien indéfectible du Front Polisario face aux prétentions du Maroc, Alger devrait marquer sa différence lors du vote annuel sur le renouvellement de la MINURSO. Son abstention enverrait un signal de mécontentement face à l’immobilisme du processus politique et au blocage du référendum d’autodétermination prévu depuis 30 ans.

Ce serait un coup de semonce sur un dossier sensible. Mais après trois décennies dans l’impasse, l’Algérie souhaite remettre la question sahraouie au coeur des débats onusiens. Quitte à froisser ses partenaires américains, garants du status quo actuel favorable à Rabat.

Palestine : assumer le risque politique

Concernant la Palestine, le président Tebboune a réaffirmé la volonté algérienne de voir l’Etat palestinien devenir membre à part entière de l’ONU. Un objectif ambitieux qui se heurte à l’hostilité des Etats-Unis. Mais sur cet autre dossier symbolique, l’Algérie est prête à assumer le risque d’une confrontation diplomatique avec Washington.

Soutenir la Palestine coûte que coûte, malgré les obstacles, reste un impératif politique pour le régime algérien. C’est un puissant marqueur idéologique aussi bien en politique intérieure qu’à l’international.

Ukraine : la stratégie des « mains libres »

Sur le dossier ukrainien, la marge de manœuvre algérienne est plus étroite. Probable abstention aux Nations Unies, refus de condamner officiellement Moscou : l’Algérie opte pour une position de « neutralité bienveillante » envers la Russie, son allié historique.

Mais simultanément, Alger cultive ses liens émergents avec Washington, en quête de soutiens sur les questions saharienne et sahélienne. Une stratégie de « mains libres » qui permet à l’Algérie de préserver ses relations avec les deux puissances rivales.

Avec son retour à la table du Conseil, Alger dispose de nouveaux leviers pour mettre en avant ses intérêts stratégiques. Le pays est décidé à s’en servir pour sortir de l’ombre certains dossiers gelés depuis trop longtemps.