La décision soudaine d’Alger d’interdire aux navires de transborder ses marchandises par les ports marocains, effective depuis le 10 janvier, continue de révéler son manque de préparation. À quelques semaines du mois sacré du Ramadhan, la république doit en effet déjà revenir sur ses pas en autorisant des exemptions, notamment pour les denrées périssables.

Cet embargo maritime décrété de manière unilatérale oblige à des contorsions logistiques dans l’urgence. Dans une missive datée du 29 janvier adressée à l’Association professionnelle des banques, le ministère des Transports intime l’ordre de déroger à l’interdit pour les cargaisons de viandes embarquées avant le 10 janvier. En d’autres termes, l’exécutif admet subrepticement n’avoir pas anticipé l’impact délétère de ses sanctions sur les importations stratégiques de produits vitaux en amont du ramadhan. 

Une reculade révélatrice des incohérences d’une politique étrangère versatile : ce blocus soudain fait suite au rétablissement mouvementé des relations avec l’Espagne mi-janvier, autre partenaire commercial incontournable. Ces atermoiements imprévisibles nuisent à la lisibilité et la crédibilité économique du pays sur la scène internationale.

On concèdera que le contexte géopolitique complexe entre Alger et ses voisins marocain et espagnol complique singulièrement la tâche des décideurs algériens. Mais ces revirements impromptus rappellent aussi le manque de stratégie à long-terme du gouvernement pour s’affranchir de ces dépendances extérieures.