L’affaire relative à la dissolution controversée de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH) a rebondi de manière inattendue ce 29 janvier 2024. Alors qu’une audience en appel était prévue à la cour d’Alger pour examiner la dissolution prononcée en première instance en septembre 2022, le juge a réalisé qu’il avait lui-même statué lors du premier procès, soulevant ainsi un possible conflit d’intérêts.
« La séance a donc été ajournée en présence d’un autre magistrat, tandis que l’avocat du ministère de l’Intérieur, partie adverse dans cette affaire, était absent », a expliqué Kaddour Chouicha, ancien vice-président de la LADDH. « Nous avons demandé le report de l’audience lorsque nous avons appris que le ministère avait répondu à notre appel sans que cette réponse ne nous parvienne, et ce malgré mes multiples démarches pour l’obtenir », a-t-il ajouté, dénonçant un manque de transparence.
De son côté, Me Aissa Rahmoune, également vice-président de la ligue dissoute, contacté par Radio-M, estime que « la dissolution étant politique et venant d’en haut, à savoir du gouvernement lui-même, le recours devant la justice algérienne n’aurait de toute façon servi à rien ». Il envisage donc de saisir des instances internationales de défense des droits humains, plus à même selon lui de répondre favorablement et d’exercer une pression sur les autorités algériennes.
Dans le cadre du comité de sauvegarde de la LADDH lancé en septembre 2023, Me Rahmoune a même annoncé une possible relocalisation de la structure en Europe, sans en préciser le pays. « L’objectif est de maintenir notre place et notre légitimité dans la communauté internationale des défenseurs des droits humains », a-t-il déclaré.
Rappelons que cette dissolution, intervenue à la demande du ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales, fait suite à l’engagement de longue date de la Ligue auprès du mouvement populaire et pacifique du Hirak. Fondée en 1985 sous le régime du parti unique, la plus ancienne organisation algérienne de défense des droits humains paye ainsi, près de 40 ans après, son combat de toujours pour les libertés fondamentales dans le pays.