En déclarant sans détour qu’Abdelmadjid Tebboune ne devrait pas briguer un second mandat en 2024, Abdelkader Bengrina a jeté un véritable pavé dans la mare politique algérienne. Une prise de position a priori courageuse dans le contexte autoritaire actuel, où la moindre critique du pouvoir peut valoir des ennuis judiciaires.

Pour autant, difficile de ne pas s’interroger sur les motivations réelles du sulfureux leader d’El Binaa El Watani. Car ce n’est pas la première fois que M. Bengrina crée la polémique par des sorties tapageuses destinées à capter la lumière médiatique. Souvenons-nous de ses déclarations au vitriol contre la Kabylie ou de ses élucubrations sur une prétendue “normalisation” imminente entre la Tunisie et Israël. Autant d’impairs qui jettent une ombre sur le sérieux et la crédibilité de l’intéressé.

Alors stratégie politicienne ou véritable ambition démocratique ? Bengrina prépare-t-il le terrain pour 2024 ou s’agit-il simplement de tester les limites de la liberté d’expression octroyée par le régime ? En donnant l’image d’un début de contestation, sa sortie arrange aussi les affaires du pouvoir, bien heureux de maintenir l’illusion d’un pluralisme politique en Algérie.

Quoi qu’il en soit, le polémiste Bengrina vient de s’ériger en potentiel “trouble-fête” d’un 2e mandat de Tebboune. Une épée de Damoclès au-dessus de la tête du président, qui pourrait décider de sévir pour faire taire cet inopportun quêteur de buzz.