Du Hirak et du racisme social de certaines "élites" (BLOG) - Radio M

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Du Hirak et du racisme social de certaines « élites » (BLOG)

Ghada Hamrouche | 21/03/20 09:03

Du Hirak et du racisme social de certaines « élites » (BLOG)

Les Algériens continuent de donner une belle image de leur haute conscience et de l’intelligence du Hirak. Ils ont montré que leur attachement à la poursuite de la révolution n’occultait pas une juste appréciation de la santé publique qui, comme d’autres secteurs, souffre de la corruption du système de pouvoir.

Le corps médical se trouve, en raison de cette corruption et de la mauvaise gestion, en situation de grand danger. Les Algériens ont choisi de renoncer à la rue ce vendredi tout en faisant face à l’alliance entre un régime obsolète, un système médiatique sans crédit, corrompu et propagandiste; et des détenteurs de diplômes qui justifient l’injustifiable pour s’approcher de la rente du pouvoir car la plupart d’entre-eux rêvent d’une nomination par décret présidentiel même en temps de pandémie.

Les Algériens subissent depuis des décennies un racisme social produit par des « intellectuels » spécialisés dans l’autoflagellation et la haine de la société et qui s’évertuent à grossir démesurément des aspects négatifs dans la société. Certains sont allés jusqu’à écrire que le coronavirus va permettre le développement de la laïcité en raison de l’annulation des prières collectives, d’autres se sont faits, à l’opposé, les défenseurs d’une religion qui pourtant donne la priorité à la sauvegarde de la santé…

Tous ceux-là se sont évertués durant des semaines à charger les Algériens d’accusations révélatrices d’une attitude hautaine maladive et complexée. Les Algériens auront eu ainsi droit à tous les noms d’oiseaux: « jouhala » (ignorants), « sales », « inconscients », « insatiables » « spéculateurs »… et autres « charges » qui ne sont jamais contextualisées et remises dans leur juste proportion.

Les « intellos » de l’idéologie de l’homme blanc

L’alliance de tout ce beau monde montre que leur souci n’est pas le coronavirus mais la révolution des Algériens déstabilisante pour les arcanes d’un régime qui a mis l’Algérie hors de l’histoire et dont l’incompétence est devenue une menace à la sécurité nationale. Ceux qui observent la société algérienne « d’en haut » ne voient pas que même dans les pays développés, les sociétés génèrent des comportements qui ne diffèrent de ce qui arrive chez nous; la différence est qu’ils ne sont pas autant exagérés et autant exploités par leurs élites pour développer un discours de racisme social contre la société.

Les images n’ont en effet pas manqué de pénurie de produits de consommation dans les commerces en France, Espagne, Italie et d’autres pays développés. Ces sociétés, associées chez beaucoup « d’intellectuels » chez nous à la civilisation, ont vécu des scènes de violence et de quasi-émeute pour l’acquisition du papier toilette; les files d’attente devant les magasins de vente de Marijuana en Hollande ne suscitent pas l’étonnement et le rire provoqués par n’importe quel comportement des Algériens.

Et pourtant ce sont des sociétés qui vivent dans des systèmes rationnels et qui ne connaissent par les problèmes de légitimité, de libertés et de l’absence d’indépendance de la justice que nous subissons. Autant de sujets qui d’ailleurs ne suscitent ni l’intérêt, ni l’indignation des « intellectuels » qui se sont spécialisés dans la reproduction de la vision de l’homme blanc sur notre société et dans le soutien au système autoritaire.

Ce vendredi, la révolution a suspendu les marches et a décidé de faire des campagnes de sensibilisation contre le coronavirus. Cela est intervenu après des débats sur les réseaux sociaux sur la situation et la manière de faire face au risque sanitaire, tout en restant mobilisé face à un régime qui a produit d’autres virus endémique comme la corruption, la tyrannie, l’injustice sociale, l’emprise de la police politique sur la justice… Et tant d’autres maladies politiques virales qui ont infesté même le système de santé.

L’image de la nation ce vendredi est digne de celles qui ont atteint un niveau de conscience politique élevé. Une nation qui manifeste depuis treize mois a décidé de suspendre les marches et de le faire sur la base d’un consensus d »est en ouest et du nord au sud pour concentrer l’effort sur la prévention.

Une décision prise après 57 vendredis d’insurrection pacifique permanente et intelligente contre l’arbitraire et la corruption et sans basculer dans la violence malgré les pressions, les provocations, la propagande du système médiatique, des détenteurs de diplômes et des intellectuels de salons; lesquels n’ont eu de cesse durant toute cette période de pratiquer la propagande, le régionalisme et de dire leur haine contre un peuple pacifique qui veut rompre avec un système qui a engendré une classe de profiteurs de la rente ici et à l’étranger.

Le vendredi le plus important

Ce vendredi a été le plus important des vendredis. Un vendredi qui est venu confirmer la profondeur de la transformation sociale en cours qui entraînera inéluctablement une transformation politique et un changement du système de pouvoir. Cette révolution intelligente est un processus long et la société donne des indices qu’elle a ce souffle long. Un souffle qui lui permettra de faire face à cette pandémie et de continuer à déjouer les manœuvres d’un pouvoir sans vision et dont le seul but est de reproduire un système de pouvoir devenu une menace pour la sécurité nationale et pour l’existence même de l’Algérie.

Les profiteurs et les manipulateurs n’étaient pas loin d’affirmer que c’est le peuple qui est la cause du Coronavirus alors même que le locataire d’El Mouradia, Abdelmadjid Tebboune affirme que la « situation est sous contrôle ». Chose d’ailleurs que s’abstiennent de dire les chefs d’Etats des grands pays qui disposent de moyens autrement plus consistantes. La révolution, elle, ne se laisse pas abuser par ces fausses assurances, elle a choisi d’arrêter les marches et de faire face au coronavirus tout en prenant date pour la poursuite de la lutte contre le virus de la corruption et du despotisme.

Traduit par la rédaction – Article original