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Bengrina- Ben Mebarek: quand les égos fragilisent la coalition

Radio M | 03/06/24 15:06

Bengrina- Ben Mebarek: quand les égos fragilisent la coalition

La récente implosion de la Coalition pour l’Algérie offre un miroir saisissant de l’état du système politique algérien. Censée incarner l’unité nationale à l’approche de la présidentielle, cette alliance s’effrite sous le poids des ambitions personnelles, révélant un modèle politique usé, où la forme prime trop souvent sur le fond.

Le gel de l’adhésion du Mouvement El Bina à cette coalition n’est que la partie émergée de l’iceberg. En coulisses, une bataille d’ego se joue entre Abdelkader Bengrina, président d’El Bina, et Abdelkrim Ben Mebark, secrétaire général du Front de Libération Nationale (FLN). Le premier a osé proposer unilatéralement la candidature de Tebboune pour un second mandat, provoquant l’ire du second qui revendique le statut de “locomotive” de la campagne.

Cette querelle de leadership illustre une pathologie chronique du système algérien : la prévalence des intérêts partisans sur l’intérêt national. La Coalition pour l’Algérie, qui regroupe quatre poids lourds – FLN, RND, Front El Moustakbel et El Bina – devait symboliser un front uni pour la stabilité. En réalité, elle se révèle être un fragile assemblage d’ambitions concurrentes.

“C’est le reflet d’un système où les partis sont plus des machines électorales que de véritables forces programmatiques”, analyse un politologue à l’Université d’Alger. “Leurs alliances sont souvent des mariages de convenance, dictés par le calendrier électoral plutôt que par une vision commune.”

Le comportement de Bengrina est emblématique de cette tendance. En organisant une réunion parallèle avec des partis soutenant sa déclaration pro-Tebboune, il tente de court-circuiter ses alliés. Son objectif : se positionner comme le champion du “second mandat”, quitte à forger une nouvelle coalition. Une manœuvre qui souligne la fluidité, voire la vacuité, des alliances dans le paysage politique algérien.

Cette saga intervient dans un contexte de profonde désaffection citoyenne. Lors des législatives de 2021, le taux d’abstention a frôlé les 77%, un record historique. “Les citoyens perçoivent ces coalitions comme des jeux de chaises musicales entre élites déconnectées”, poursuit notre interlocuteur. Et d’ajouter : “Changer les alliances sans changer les pratiques ne restaurera pas la confiance.”

Le spectre du “système”, terme utilisé par le Hirak pour désigner l’establishment politique, plane sur cette crise. La Coalition pour l’Algérie, malgré son nom évocateur, est composée de partis profondément ancrés dans ce système. Le FLN et le RND ont dominé la scène pendant des décennies, tandis que le Front El Moustakbel et le mouvement El Bina, plus récents, adoptent des méthodes similaires.

Le timing de cette crise, à trois mois de la présidentielle, est également révélateur. En Algérie, les élections sont souvent moins des moments de débat programmatique que des exercices de positionnement. “On discute plus de qui soutient qui que de projets de société”, note-t-on. Et de conclure: “C’est symptomatique d’un système où la loyauté prime sur la compétence.”