« Les élections présidentielles ont eu lieu. Il y a désormais un nouveau gouvernement avec lequel la France veut travailler. Nos présidents et premiers ministres se sont parlés au cours des dernières semaines », a déclaré à Alger, ce mardi 21 janvier 2020, Jean Yves Le Drian, ministre français des Affaires étrangères.
« Le président Tebboune a manifesté une ambition pour l’Algérie, celle de la réformer en profondeur, pour renforcer la gouvernance, l’État de droit et les libertés, également pour relancer et diversifier l’économie, conformément aux aspirations exprimées par les Algériens depuis un an. Il s’est engagé à conduire l’Algérie dans un esprit de dialogue, afin que tous les Algériens puissent s’exprimer sur ces réformes. Nous souhaitons qu’il réussisse dans cette mission et que la mise en œuvre de ces réformes conduise au succès de l’Algérie et des Algériens », a-t-il ajouté.
Le chef de la diplomatie française a donné des explications sur ses déclarations avant et après l’élection présidentielle du 12 décembre 2019 qui ont irrité les autorités algériennes et suscité, parfois, la controverse sur les réseaux sociaux.
« L’Algérie a connu, au cours de l’année écoulée, une phase décisive de son histoire. Nous avons en permanence, au long de cette période, redit toujours la même chose. Nous avons toujours dit que c’était aux Algériens et à eux seuls de décider de leur avenir et de trouver ensemble les chemins d’un dialogue démocratique. Parce que cela faisait partie du respect que nous avons de la souveraineté de l’Algérie », a soutenu Jean Yves Le Drian pour répondre aux algériens qui ont reproché à la France de « s’ingérer » dans les affaires de l’Algérie.
Donner « une nouvelle dynamique » à la coopération
Lors de la première conférence de presse, après son élection, le président Abdelmadjid Tebboune n’a pas voulu répondre au chef d’Etat français qui a déclaré « avoir pris acte » de l’élection de Tebboune. « J’ai été élu par le peuple algérien et je ne reconnais que le peuple algérien », a déclaré Tebboune. Mardi 17 décembre 2019, Emmanuel Macron a téléphoné au chef d’Etat algérien pour le féliciter de son élection et évoquer « la relance de la coopération » entre les deux pays.
A Alger, Jean Yves Le Drian a soutenu que la France souhaite ouvrir une nouvelle phase dans les relations bilatérales. « Nous partageons la volonté de réengager nos échanges au plus haut niveau en 2020 afin de lancer la nouvelle dynamique que tu viens d’évoquer lors du calendrier que nous avons validé ensemble.
Cela signifie que dans tous les secteurs de notre coopération, que ce soit la sécurité, que ce soit l’économie, la culture, la justice, l’éducation, la mobilité, la formation, nous allons reprendre nos discussions, les approfondir et leur donner une nouvelle dynamique », a déclaré le chef de la diplomatie française en s’adressant à son homologue algérien Sabri Boukadoum.
Plus grande souplesse dans la délivrance des visas
Le ministre algérien des Affaires étrangères a annoncé, lors de la même conférence de presse, que de nombreux dossiers concernant les relations bilatérales dans les domaines économiques et politiques ont été passés en revue.
« Nous nous sommes entendus pour réactiver les différents mécanismes de coopération surtout le Comefa qui comprend les ministres des Affaires étrangères, des Finances et de l’Industrie des deux pays, et le Comité intergouvernemental de haut niveau qui est présidé par les Premiers ministres des deux pays. Nous nous sommes entendus pour poursuivre le dialogue stratégique et les concertations politiques entre les deux ministères des Affaires étrangères », a déclaré Sabri Boukadoum, ministre algérien des Affaires étrangères.
Il a annoncé avoir évoqué avec son homologue français le dossier relatif à circulation des personnes. « Dans ce cadre, j’ai insisté sur la nécessité d’une plus grande souplesse dans le traitement des dossiers (de visas) qui soit à la hauteur du niveau et du volume des relations entre les deux pays », a-t-il soutenu.
Plusieurs restrictions ont été introduites ces derniers mois par les autorités consulaires françaises dans la délivrance des visas de circulation aux algériens. Période marquée par un taux important de refus de visas Schengen. Selon Sabri Boukadoum, la partie française s’est dite prête pour relancer l’investissement français en Algérie. « Il y a une volonté d’appuyer les hommes d’affaires français pour regarder du côté de la nouvelle Algérie avec plusieurs souplesse et d’audace », a précisé Sabri Boukadoum.