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À la veille de la visite d’une rapporteuse de l’ONU : 12 ONG interpellent les autorités algériennes

Radio M | 25/11/23 15:11

À la veille de la visite d’une rapporteuse de l’ONU : 12 ONG interpellent les autorités algériennes

Du 26 novembre au 5 décembre 2023, la Rapporteuse spéciale des Nations Unies sur les défenseurs des droits humains, Mary Lawlor, effectuera une visite en Algérie. À la veille de ce déplacement sur le terrain, 12 organisations non gouvernementales viennent de publier un communiqué appelant les autorités algériennes à « mettre fin à leur répression des droits et libertés fondamentaux ».

Ce plaidoyer intervient alors que Mme Lawlor s’apprête à évaluer pendant 10 jours la situation des militants et journalistes sur place, dans un contexte de restrictions croissantes des libertés publiques par le régime. Les ONG signataires, dont EuroMed Droits et la FIDH, espèrent que la venue de la rapporteuse permettra de faire avancer les droits humains dans le pays et d’obtenir la libération des prisonniers d’opinion.

« C’est une nouvelle occasion de réformer et de libérer les militants emprisonnés », d’après cette ONG. Elles appellent ainsi les autorités algériennes à « mettre fin à leur répression des droits et libertés fondamentaux et libérer tous les défenseur·e·s des droits humains et les militant·esqui croupissent injustement en prison ».

En effet, plus de 230 militant·e·s, journalistes et défenseurs des droits humains sont actuellement emprisonnés « uniquement pour avoir exercé leurs droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique ».

Des attaques d’une « ampleur alarmante » 

Wadih Al Asmar, de EuroMed Droits, dénonce le fait que « les personnes qui osent défendre les droits humains sont la cible d’attaques d’une ampleur alarmante en Algérie. Ils sont confrontés à des manœuvres incessantes de harcèlement, d’intimidation et à de la détention illégale ». 

Ziad Abdeltawab, de l’Institut du Caire pour les études des droits de l’Homme, ajoute que « les défenseur·es des droits humains jouent un rôle crucial (…). Aujourd’hui, ils subissent de plein fouet les attaques incessantes contre leur droit de s’exprimer et de s’opposer aux abus de pouvoir des autorités ».

De nombreux cas de militants exilés ou emprisonnés sont cités, comme Zakaria Hannache, « condamné à trois ans de prison par contumace », Amira Bouraoui, « condamnée à un total de quatre ans de prison », ou encore Mohad Gasmi, « incarcéré depuis le 14 juin 2020 » et Kamira Nait Sid, « condamnée à cinq ans de prison ».

Par ailleurs, les ONG mettent en garde contre d’éventuelles « représailles » visant les militants qu’elle rencontrera, citant le cas du président de la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (LADDH) Ahmed Manseri. Arrêté début octobre, il avait été reçu par un autre rapporteur onusien en septembre, Clément Nyaletsossi Voule en l’occurrence.

Des lois liberticides

Ces dernières années, « les autorités ont fermé presque tous les espaces de dissidence », dissolvant des associations de défense des droits humains emblématiques et fermant les derniers médias d’opposition. Le régime s’appuie sur des lois liberticides pour restreindre les activités de la société civile. « Les lois antiterroristes ont même été utilisées pour poursuivre des défenseurs des droits civiques comme Said Boudour, Jamila Loukil et Kaddour Chouicha, de la section de la LADDH à Oran », indiquent les signataires du communiqué.

Face à cette situation, Abdelwahab Farsaoui du Rassemblement Actions Jeunesse, conclut qu’« il est grand temps que les autorités algériennes mettent fin à l’approche sécuritaire dans la gestion des affaires publiques et reconnaissent les dommages qu’elles causent au pays en supprimant toute voix indépendante ».