Alors que les enseignants sont au bord du burn-out, les syndicats réclament au gouvernement de tenir ses promesses, avant qu’il ne soit trop tard.
« On n’en peut plus. Entre la répétition des mêmes cours au cours de la journée et les risques d’attraper le virus par manque de moyens de protection, on est au bord de l’explosion. », avertit Lamia, enseignante dans une école publique à Belouizdad et qui n’a pas souhaiter donner le nom de l’établissement scolaire dans lequel elle travaille. « Vous comprenez je peux être sanctionnée par la direction », a-t-elle insisté.
Quand le syndicat Unpef a décidé le 25 novembre d’un arrêt de travail pour demander de revoir le calendrier hebdomadaire des trois phases, en réduisant le nombre de cours et en gardant le samedi comme jour de congé, mais également pour libérer les écoles primaires de la gestion des collectivités locales et soutenir le budget de gestion des collèges et lycées pour faire face à cette pandémie, Lamia a suivi l’appel d’ordre du syndicat et a cessé les cours. Elle a quitté son établissement et a rejoint ses collègues grévistes. « Comment continuer à travailler alors que nous n’avons rien pour nous protéger. Nous n’avons pas reçu de bavettes, ni de gel hydroalcoolique, malgré les promesses du ministre. On a fonctionné avec le reste du lot que nous avions reçu pour les épreuves du baccalauréat. », dénonce-t-elle.
La dégradation des conditions de travail n’a pas échappé aux syndicats du secteur, qui menacent de déclencher une grève. Les représentants de l’intersyndicale reprochent au gouvernement de privilégier les effets d’annonces, sans suivi sur le terrain et de ne pas se préoccuper de la santé des enseignants, dont plusieurs ont déjà été contaminés par le virus. « Les promesses sont légion, mais nous ne percevons aucun changement tangible sur le terrain», a regretté dans le Soir d’Algérie Zoubir Rouina, coordinateur national du Conseil des lycées d’Algérie (CLA).
Face à l’urgence et alors que de plus en plus de voix demandent la fermeture des écoles, le premier ministre Abdelaziz Djerad a décidé de débloquer en urgence une enveloppe financière exceptionnelle pour l’achat de masques et de gel hydroalcoolique et de faire porter la responsabilité de la cacophonie actuelle sur les présidents d’APC, accusés de ne pas jouer leurs rôles. En parallèle le gouvernement a décidé d’actionner la Commission nationale des œuvres sociales des travailleurs de l’éducation (CNOSTE) qui a annoncé l’instauration d’une prime de 50 000 DA et la prise en charge d’une partie des frais des tests Covid-19, au profit du personnel du secteur. Même le ministre de l’éducation Mohamed Ouadjaout s’est dit prêt à revoir la double vacation que les enseignants ne veulent plus assumer.
Malgré les dernières annonces du gouvernement, les enseignants sont déterminés à se faire entendre et à exiger de meilleures conditions de travail. « Il n’est plus question pour nous d’accepter de travailler dans ces conditions. Si on n’a pas les moyens de se protéger, nous n’irons pas enseigner.» avertit Lamia.