L’affaire dite des ‘’SMS’’ impliquant l’ancien ministre de la Justice, Tayeb Louh ainsi que Saïd Bouteflika, Chakib Khelil, son épouse et ses deux enfants et l’homme d’affaire Ali Haddad, sera bientôt examinée devant le tribunal criminel de Dar El Beida. La Cour suprême a, en effet, rejeté tous les pourvois en cassation contre l’arrêt de la chambre d’accusation près la cour d’Alger ayant validé les chefs d’inculpation contre 15 mis en cause.
«Abus de fonction», «entrave au bon fonctionnement de la justice», «incitation à la partialité» et «incitation à la falsification de documents officiels», les charges retenues contre Louh et d’autres accusés, révèlent l’étendu de l’instrumentalisation de la justice au service des protégés du clan Bouteflika. Des magistrats étaient mutés et sanctionnés pour avoir refusé d’appliquer les « instructions ».
Les ‘’SMS’’ retrouvés dans les sept téléphones portables de Tayeb Louh, en détention depuis aout 2019, constituent des messages transmis par lui-même à des magistrats pour certains et envoyés par Saïd Bouteflika et Ali Haddad pour d’autres. Leurs contenus concernent en particulier deux dossiers, l’un de Chakib Khelil et l’autre d’Ali Haddad.
Dans le premier, Saïd Bouteflika aurait demandé, via un SMS, à Tayeb Louh de «voir ce qu’on peut faire» pour «régler» la question du mandat d’arrêt contre l’ancien ministre de l’Energie. Pourtant, lors de son audition par le juge, le frère cadet de Bouteflika, a nié avoir instruit quoi que ce soit, expliquant qu’il n’a fait que «suivre l’évolution» de l’affaire à titre de conseiller du Président, et sur ordre de ce dernier.
Pour le second dossier, et toujours à travers un ‘’texto’’ que Saïd Bouteflika a envoyés à Tayeb Louh, il est question de trouver un «règlement» au litige judiciaire opposant «son ami» Ali Haddad, patron de l’ETRHB, à la chaine de télévision privée, Beur TV. Sur ce, l’ex-conseiller du Président déchu avait affirmé qu’il voulait simplement voir « de quoi il s’agissait ».
Outre Louh, Khelil et les membres de sa famille, Saïd Bouteflika et Haddad, plusieurs cadres et magistrats sont impliqués dans cette affaire. Il s’agit de l’inspecteur général du ministère de la Justice, Tayeb Benhachem, et d’un autre cadre du nom de Laadjine Zouaoui, des magistrats Djamila Zigha, ex-présidente de la chambre d’accusation près la cour d’Alger, promue présidente de la cour de Boumerdès, Sid-Ahmed Semaoun, juge d’instruction près le tribunal de Sidi M’hamed, Khaled Bey, procureur près le même tribunal, Meriem Benkhelifa, Mustapha Derfouf et Mokhtar Benharradj.