La sonnette d’alarme résonne depuis fin juin. Nous sommes début août et l’explosion tant redoutée n’a pas eu lieu. Aussi bien du côté des autorités que de celui des médecins, la même mine inquiète et les mêmes appréhensions. Avec l’Aïd, les choses semblent s’être compliquées davantage…
Arithmétique froide, que disent les chiffres avancés par les autorités officielles et frappés du label «chiffres officiels» ? D’abord que l’ascension de la courbe s’est opérée à partir du 19 juin (119 nouveaux cas de contamination) pour aller crescendo jusqu’à atteindre plus de 600 cas de nouvelles contaminations les 24 et 28 juillet. Doit-on incriminer l’Aïd El Fitr dans l’apparition de cette nouvelle courbe? Rien n’est moins sûr ! Par contre une certitude: on fait de plus en plus de tests. On est loin des 60 tests/jour réalisés uniquement à l’institut Pasteur d’Alger. Et c’est en juin justement que le Pr Derrar, DG de l’IPA a fait savoir que 2500 tests de dépistage du Covid-19 par jour étaient réalisés à travers les différentes régions du pays. Si l’on fait plus de tests, ne faudrait-il pas s’attendre à plus de cas? Laquelle proportion de cas qui a certainement toujours existé depuis au moins la mi-avril, mais ignorée parce que non détectée, mais que conforte d’autres chiffres sur lesquels, étrangement, on communique peu: ceux des décès, restés selon une courbe en plateau oscillant entre 8 et 14 décès par jour. Les deux seuls exceptions ont eu lieu début avril, avec 28 et 30 morts, respectivement les 2 et 8 avril.


Alors, sommes-nous dans une vraie situation d’inquiétude que contredisent cependant les chiffres des décès et des guérisons, ou plutôt dans un alarmisme qui appréhende, sans vraiment pouvoir les mesurer, les risques d’une contamination plus accrue et qui échapperait à tout contrôle et surtout aux moyens actuels de prise en charge?
Autre exemple, autre chiffre: on a longtemps présenté la wilaya de Sétif comme un foyer majeur de contamination avec, à ce jour, un total de 2535 contaminations, soit un peu plus que Blida (2429) et un peu moins qu’Alger (3128), mais petit bémol, Sétif totalise 61 décès seulement contre 131 à Blida et 145 à Alger. Il y va sans dire que même le taux de mortalité par million de personnes, classe Sétif loin derrière Blida (130) et Alger (49) avec 41 décès par million d’habitants.
La question de l’épidémie Covid ne se limite pas à la seule prise en charge des malades du coronavirus, mais aussi à celle de toutes les autres pathologies qui sont autant de terrains de prédilection pour le covid et dont la prise en charge a été laissée en suspens.
C’est un secret de polichinelle que de dire que la gestion de l’épidémie du covid-19, au-delà de ses aspects sanitaires, revêt un volet politique et sécuritaire. Les dernières mesures de cloisonnement inter-wilaya et de confinement communal, paralysant pratiquement tout le pays en est l’exemple le plus parlant. La volonté de retarder, voire d’endiguer le retour du Hirak en est un autre.
Alors politique du tout anxiogène en l’absence de réponses sanitaires conséquentes ou navigation à vue, ce qui est un peu la marque de fabrique du tandem Tebboune-Djerad ? Une certitude, au regard des chiffres, on meurt de moins en moins du coronavirus…