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Amira Bouraoui réagit au réquisitoire du procureur !

La Rédaction | 01/11/23 14:11

Amira Bouraoui réagit au réquisitoire du procureur !

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Dans un long post sur son compte Facebook, réactivé pour la circonstance, c’est sans surprise que la Docteure Amira Bouraoui, gynécologue de son état, a appris le lourd réquisitoire à son encontre prononcé par le procureur près le tribunal de Constantine, qui a requis 10 ans de prison, dans le procès dit de l’« affaire Amira Bouraoui », qui s’est tenu hier, 31 octobre, et dans laquelle seraient impliqués, outre sa mère, sous contrôle  judiciaire, le journaliste Mustapha Bendjama, un chauffeur de taxi, son cousin et un agent de la Paf, tous sous mandat de dépôt. Elle rappelle que, « depuis 2008 en m’opposant au viol constitutionnel en Algérie qui ouvrait droit à un 3è mandat pour Bouteflika » qu’elle a subi bien des intimidations. Mais que ce qui lui fait le plus mal « c’est bien de voir des innocents contre qui ce procureur s’acharne ».

Amira Bouraoui

Elle rappelle son long périple de 2008 à 2023 dans les méandres de la politique et de l’opposition. « Je faisais partie à cette époque, écrit-elle, des signataires contre le viol constitutionnel, en 2011 de ceux qui ont manifestés contre le 3è mandat… En 2014 contre le 4è et en 2019 contre ce que j’estime être une absurdité d’une feuille de route insensée ».

Pour la Dr Amira Bouraoui, exprimer un point de vue « ne méritait pas un tel acharnement contre ma personne » Et de t’inquiéter pour son entourage et ses proches : « Des pressions contre moi (j’assume) mais contre ma famille ? Mes amis ? » Elle rappelle que « Personne ne m’a aidé à fuir cet enfer. Ni des Français ni des Algériens. Si je voulais partir je l’aurais fait y a 20 ans ! J’ai décidé de me battre pour l’Algérie mais il arrive un moment où c’est juste trop ! On vous empêche d’exercer votre métier, on vous jette en prison, on fait pression sur votre entourage…»

« J’ai décidé de fuir et je l’assume »

La Dr Amira Bouraoui s’indigne que d’autres aient à payer à sa place. « J’ai décidé de fuir et je l’assume et nul ne m’a aidé pour ça si ce n’est mon envie de vivre pour mes idées et non pas de mourir pour elles. 10 ans de prison pour avoir exprimé des opinions ? Prendre en otage ma mère, un chauffeur de taxi, mon cousin ? Un journaliste, Mustapha Bendjama qui est juste un ami… l’agent de la PAF…. j’ai décidé de fuir car ça devenait invivable après l’emprisonnement de Kadi ihsane qui était la dernière voix libre d’Algérie. J’ai milité pour la liberté de tous mais pas pour perdre la mienne ».

En s’opposant au régime en place, la dr Amira Bouraoui s’est vue refuser l’exercice de son métier. « Je mettais des enfants au monde dans des hôpitaux Algériens… je voulais exercer mon métier aussi… aujourd’hui, je vois des enfants naître en France ils sont Français, Algériens, Tunisiens, Pakistanais, Turcs … Un carrefour du monde où des enfants naissent et ne meurent pas…et où je peux m’exprimer et pourtant je me tais…car vous prenez ma mère en otage, mon cousin, mon ami journaliste… des innocents…»

La Dr Amira Bouraoui finit son post par des questionnements : « Pourquoi tout cet acharnement ? Car je me suis opposée en 2008 à un viol constitutionnel ? En 2014 à un 4è mandat qui emmenait le pays dans le mur ? En 2019 car ça en devenait ridicule ? Ou en 2020 car celui qui vous avez choisi n’était pas à la hauteur ? » et d’asséner, à propos de son silence : « Je me tais aujourd’hui car parler ne sert à rien… Pourquoi faire payer des innocents pour une militante qui a juste décidé de se taire et d’exercer le métier pour lequel elle a sacrifié une vie ? Pourquoi tout ça ? »