Belmadi/Faf : Le ministre siffle la fin de la récréation des médias foot - Radio M

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Belmadi/Faf : Le ministre siffle la fin de la récréation des médias foot

Radio M | 01/02/24 14:02

Belmadi/Faf : Le ministre siffle la fin de la récréation des médias foot

Les propos du ministre de la Communication, Mohamed Laâgab, sonnent l’alarme. Selon lui, les « dépassements » constatés récemment dans les médias sportifs algériens « menacent désormais la sécurité nationale ». Une accusation grave qui mérite d’être examinée de près. 

De quel type de « dépassements » parle-t-on ? Le ministre vise en premier lieu les termes employés par certains médias pour commenter l’élimination précoce de l’équipe nationale à la CAN 2023. 

Injures, accusations fantaisistes et théories du complot se sont en effet multipliées. L’exemple le plus criant est cette vidéo publiée sur les réseaux sociaux où on y voit l’ancien international Samir Zaoui et le commentateur sportif Mustapha Mazzouzi accuser l’entité sioniste d’avoir influencé l’arbitrage en faveur du Maroc au détriment de l’Algérie. 

De telles absurdités décrédibilisent les médias concernés. Pire, d’après le ministre Laâgab, elles « pourraient entraîner une tension sociale » et même « menacer la sécurité nationale ». Une accusation lourde de sens, résultat d’années de laisser-aller et d’autosatisfaction complaisante au sein d’une presse sportive algérienne plus soucieuse d’audimat que de déontologie.

Son argument est que de tels propos exacerbent les tensions avec les pays voisins. Il rappelle d’ailleurs qu’ « une fausse information aurait pu aggraver les relations entre l’Algérie et la Mauritanie si le syndicat sportif n’était pas intervenu pour remettre les choses en ordre. » Ce cas récent montre bien comment de simples rumeurs non fondées, colportées sans vérification, peuvent rapidement dégrader des relations diplomatiques.

Le ministre a également pris pour exemple les tensions avec la Tunisie en 2004, qui « auraient pu nous causer une crise internationale ». Là encore, le traitement médiatique excessif d’un match de football entre les deux sélections avait attisé une polémique bilatérale regrettable. 

Si le risque d’incident diplomatique existe, le ministre verse toutefois dans l’exagération. Parler de « menace » pour la « sécurité nationale » procède d’une volonté évidente d’intimidation. 

Son objectif est de faire taire toute critique en agitant l’épouvantail sécuritaire. M. Laâgab aurait mieux fait d’appeler simplement les journalistes sportifs à plus de prudence et de responsabilité. 

Certes, l’amertume de l’élimination précoce a pu mener à quelques dérapages verbaux. Mais le gouvernement ne peut faire porter l’entière responsabilité aux médias sportifs. Son propre manque de fermeté a contribué à ce climat délétère.

S’il appelle à présent au « retour immédiat à la déontologie », son discours sonne creux. Où était-il lorsque le sélectionneur Djamel Belmadi essuyait « la meute médiatique » et ses attaques virulentes ? Où était-il quand certains titres attisaient les tensions entre l’Algérie et des pays voisins ?

Au lieu de jouer les pompiers pyromanes, M. Laâgab ferait mieux d’admettre les torts du gouvernement dans cette affaire. Sa sortie médiatique tardive relève plus de l’opportunisme politicien que d’une réelle indignation. Et elle ne suffira pas à elle seule à remettre de l’ordre dans le paysage médiatique algérien.