Commémoration des massacres du 17 octobre : les déclarations de Macron jugées "insuffisantes" - Radio M

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Commémoration des massacres du 17 octobre : les déclarations de Macron jugées « insuffisantes »

Lynda Abbou | 17/10/21 14:10

Commémoration des massacres du 17 octobre : les déclarations de Macron jugées « insuffisantes »

Dans une démarche qualifiée d’insuffisante, par des observateurs algériens et français, Emmanuel Macron a participé ce samedi 16 octobre à la commémoration du massacre du 17 octobre 1961 à Paris, et a reconnu des « crimes inexcusables », qui « ne reflètent pas la vérité ».

Soixante ans après le massacre des manifestants algériens qui protestaient contre un couvre-feu, le chef de l’Etat français a observé une minute de silence lors d’une commémoration organisée sur les berges de la Seine. Macron a reconnu les faits. « les crimes commis cette nuit-là sous l’autorité de Maurice Papon sont inexcusables pour la République », indique un communiqué de l’Elysée, faisant référence à celui qui était à l’époque des faits préfet de police de Paris. Ainsi Macron est allé plus loin que la « sanglante répression » admise par François Hollande en 2012.

Plusieurs voix algériennes considèrent cette déclaration insuffisante accusant le président français de « fuite en avant ». Le militant politique algérien Hakim Mohamed Addad a écrit sur son compte Facebook que Macron, a joué « un mauvais jeu de rôle hier ». Pour lui, le Chef de l’Etat français « n’a rien dit de nouveau, manque de courage politique et flirt avec qui vous savez à droite en prévision des prochaines élections ». « Nous ne céderons pas, ne nous tairons pas, jamais, pour que soit reconnu ce crime, ces crimes qui souillent cette France dite pays des droits humains », a martelé le militant.

De son côté, le doctorant au Centre de recherches politiques de Sciences Po (CEVIPOF), travaillant sur la mémoire de la guerre d’Algérie chez les jeunes d’aujourd’hui, Paul-Max Morin, s’est exclamé sur le fait qu’Emmanuel Macron n’a pas « pris la peine de prononcer un discours pour les victimes du 17 octobre 1961 ». Une proposition qui a été faite lors de la rencontre de Macron avec des jeunes Français d’origine algérienne, binationaux et pour certains Algériens le 30 septembre dernier.

« Le communiqué de l’Elysée reconnaissant la responsabilité de Maurice Papon est bien évidemment insuffisant car il ne reflète pas la vérité, terme pourtant angulaire des prises de parole du Président sur le passé algérien », a écrit le chercheur.

Pour lui, Emmanuel Macron n’a jamais de mots pour « nous confronter à la source de ce passé », c’est-à-dire au système colonial. « Il ne donne pas non plus de direction pour traiter ce qu’il reste de ce passé, c’est-à-dire le racisme. Pour cette raison, Emmanuel Macron n’a pas été à la hauteur du défi mémoriel sur la colonisation et la guerre d’Algérie », a martelé le jeune doctorant Paul-Max Morin.