Le court documentaire « Djamila fi zaman al harak » (Djamila au temps du hirak) de Abderrahmane Harrat a décroché le premier prix du concours d’Al Jazeera Documentary (Al Jazeera watha’iqiya). Le film raconte l’histoire de Djamila, Mabrouka Didi de son vrai nom, une sans abri de Annaba, qui retrouve goût à la vie avec les manifestations populaires du vendredi. « Tout ce beau monde qui m’entoure me fait oublier que je suis dans la rue. Chacun est sorti pour une raison, l’un a subi une injustice, l’autre est contre le régime et l’autre est un diplômé d’université qui n’a pas trouvé un post d’emploi…Il y a mille et une raison. Moi, je suis sortie pour le pays, contre la hogra et l’arbitraire, pour les gens qui comme moi n’ont pas de quoi se nourrir le soir. Le Hirak m’a redonné confiance pour faire entendre ma voix au milieu de celle du peuple », raconte Djamila, SDF depuis quinz ans. De peur d’être agressée la nuit, Djamila dort à côté d’un commissariat de police, non loin du centre ville. « Chaque matin, je me réveille sans espoir…Je n’ai plus de rêves. Mes seuls amis sont les chats et les chiens. Si je meurs,personne ne va pleurer après mon départ », dit cette ancienne chanteuse. Le concours d’Al Jazeera Documentary, une chaine du groupe médiatique quatari Al Jazeera, était ouvert aux étudiants et aux cinéastes amateurs âgés de 16 à 26 ans devant réaliser des documentaires d’un format ne dépassant pas les sept minutes durant la période allant du 1 janvier au 29 février 2020.
« Une découverte » du festival d’Annaba du film méditerranéen
Du 12 au 23 mars 2020, les films sélectionnés dans la short list ont été mis en ligne sur la chaîne Youtube d’Al Jazeera Documentary pour le vote du public.Le premier prix est doté d’une somme de 3000 dollars, le deuxième de 2000 dollars et le troisième de 1000 dollars. Les dix meilleurs films seront diffusés par la chaine Al Jazeera Documentary. Al Jazeera garde le droit de diffuser ces films pendant six mois sur tous ses supports numériques et télévisuels. 400 films ont participé au concours représentant une trentaine de pays, selon Abderrahmane Harrat, lequel a été assisté de Islam Seridi et Zinedine Saadi pour la réalisation du court documentaire. Abderrahmane Harrat est « une découverte » du Festival du film méditerranéen d’Annaba. L’ex-commissaire de ce festival, le critique et journaliste Said Ould Khelifa a encouragé ce jeune cinéaste d’Annaba à faire ses premiers pas dans le cinéma. Il a notamment réaliser « Hobou El Chaytane » (L’amour du diable), en 2015, qui a attiré les foules vers la maison de la Culture d’Annaba, grâce à une grande campagne sur Facebook.