Alors que le Conseil Mondial de la Diaspora Algérienne (CMDA) s’apprête à tenir son grand congrès à Alger fin avril, rassemblant plus de 1100 participants venus du monde entier, un malaise profond semble gagner cette communauté. En effet, de nombreuses voix dénoncent les signaux contradictoires envoyés par le régime algérien, qui d’une main courtise sa diaspora, mais de l’autre semble l’étrangler.
Alimentant ces craintes, l’incarcération récente de figures emblématiques issues de cette diaspora suscite l’émoi. C’est le cas de la chanteuse franco-algérienne Djamila Bentouis, placée en détention provisoire pour avoir interprété une chanson pro-Hirak. Un cas qui n’est pas isolé, puisque Mohand Taferka, président d’une association de la diaspora, a également été empêché de quitter l’Algérie avant d’être placé en détention l’an dernier.
Face à ces dérives sécuritaires, les voix de la diaspora ne manquent pas de monter au créneau. L’un de ses membresformule crûment: “La diaspora algérienne, notamment celle impliquée dans le Hirak, a peur de rentrer au pays par crainte d’arrestations ou de blocages à leur retour… Je me demande de quelle diaspora nous parlons vraiment”. Un constat amer témoignant de la profonde défiance envers un régime qui semble courtiser sa diaspora d’une main, tout en l’étranglant de l’autre.
Mais les griefs ne s’arrêtent pas là. D’autres critiques émanent des rangs de cette communauté expatriée, visant cette fois les dispositions controversées de la nouvelle loi électorale prônée par ce même régime.
Outre le fait de devoir “avoir la nationalité algérienne d’origine” ainsi que leurs parents “sans avoir jamais obtenu une autre nationalité”, les candidats à la présidentielle doivent impérativement avoir “résidé en Algérie durant les dix années précédant le scrutin”. Des conditions dénoncées comme une “ahurissante hypocrisie” par de nombreuses voix influentes de la diaspora.
Leur principal argument ? “Alors que le président Tebboune exclut catégoriquement les Algériens établis à l’étranger de pouvoir prétendre à la magistrature suprême, il n’a de cesse de les appeler à le soutenir dans sa démarche politique”, dénonce un avocat. Une contradiction manifeste qui fait de cette frange de la communauté nationale des “citoyens de seconde zone”, relégués au rang de faire-valoir politique.
Dans ce climat tenace de défiance, alors que le régime courtise sa diaspora d’une main pour ce congrès, tout laisse à penser qu’il continue de l’étrangler de l’autre par ses dérives sécuritaires et dispositions discriminatoires. Un défi de taille pour le CMDA, censé constituer un trait d’union, mais qui pourrait bien se trouver embourbé dans ces contradictions flagrantes.