Crise sahélienne : Alger sort le joker de la zone de libre-échange avec le Mali et le Niger - Radio M

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Crise sahélienne : Alger sort le joker de la zone de libre-échange avec le Mali et le Niger

Radio M | 14/02/24 12:02

Crise sahélienne : Alger sort le joker de la zone de libre-échange avec le Mali et le Niger

Au moment où les relations se tendent dangereusement avec deux de ses voisins stratégiques, le Mali et le Niger, l’Algérie mise sur une audacieuse politique d’intégration économique régionale. Un pari risqué pour renouer le dialogue en temps de crise.  

C’est peu dire que le président algérien Abdelmadjid Tebboune a pris tout le monde de court mardi. Alors que les tensions diplomatiques s’accumulent avec le Mali et, dans une moindre mesure, le Niger, le chef de l’État a annoncé soudainement l’accélération de ses projets de coopération économique avec ces deux pays sahéliens.

« J’annonce à mes collègues présidents qu’en 2024, l’Algérie connaîtra la création de zones de libre-échange avec les pays frères à commencer par la Mauritanie, puis les pays du Sahel, Mali et Niger, en plus de la Tunisie et la Libye », a déclaré mardi le président algérien Abdelmadjid Tebboune. Car cette main tendue intervient quelques semaines seulement après le séisme des tensions algéro-maliennes suite à la dénonciation de l’accord de paix d’Alger par Bamako. Un affront vu comme une déclaration de guerre à Alger.

Les relations restent également fragiles avec Niamey, même si les tensions sont moins vives qu’avec le voisin malien. Là encore, M. Tebboune prend le risque d’une confrontation avec l’opinion publique algérienne, qui goûte peu cette subite réconciliation après les derniers différends.

Mais face à cette situation explosive au Sahel, le président oppose une stratégie offensive axée sur le développement économique. « La sécurité et le développement souhaités sont liés aux infrastructures et à la transformation industrielle », martèle-t-il. Sous-entendu : seule une intégration économique poussée avec ses voisins permettrait de rebâtir des relations apaisées.

Quitte à prendre le risque de tendre la main à des partenaires politiques récalcitrants, Abdelmadjid Tebboune croit dur comme fer aux vertus de la coopération économique pour rebâtir des ponts. Il met ainsi en avant le rôle moteur joué par l’Algérie dans des projets continentaux d’envergure, à l’image du gazoduc Nigeria-Algérie-Europe ou de la route transsaharienne.

L’histoire donnera-t-elle raison au pari risqué du président algérien ? Rien n’est moins sûr. Ses détracteurs dénoncent déjà une naïveté coupable et dangerous à l’égard des régimes maliens et nigériens versatiles. Mais en cas de succès, le jeu stratégique audacieux de l’Algérie pourrait rebattre les cartes d’une région en pleine tourmente.