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De la rue au pouvoir : Rahabi dévoile le fossé politique algérien

Radio M | 02/06/24 17:06

De la rue au pouvoir : Rahabi dévoile le fossé politique algérien

Dans une intervention sur El Watania TV, Abdelaziz Rahabi, ancien ministre de la Communication et diplomate expérimenté, a présenté une analyse lucide de la situation politique algérienne. Son constat principal : L’Algérie n’a jamais eu un processus politique stable qui débouche sur des décisions politiques en phase avec l’évolution de la société”. Cette observation factuelle souligne une discontinuité entre la gouvernance et les aspirations populaires.

Rahabi préconise le dialogue comme solution aux crises politiques cycliques. Il rappelle que “l’ouverture politique en Algérie n’était pas le fruit du hasard ou le fruit d’intelligence du pouvoir en place. Le pluralisme était une réponse à une demande de la rue algérienne”. Cette affirmation replace le pluralisme dans son contexte historique, le présentant comme une réaction aux demandes citoyennes.

L’ancien diplomate énumère chronologiquement les ruptures qui ont marqué l’histoire du pays : colonialisme français, coups d’État contre Ben Bella et Boumediene, événements de Kabylie (1980), d’Octobre 1988, décennie noire et Hirak. Cette séquence illustre objectivement l’instabilité politique récurrente.

Il critique la tendance à accentuer les divergences plutôt qu’à chercher le consensus, et déplore que la vie politique soit “otage des rendez-vous électoraux”. Sa proposition – “les débats sur les questions principales qui intéressent tous les Algériens doivent être permanents” – encourage un engagement civique continu.

Sur le plan géopolitique, Rahabi note une évolution favorable à la cause palestinienne dans l’opinion occidentale. Concernant les relations algéro-marocaines, il offre une analyse géostratégique. “Le Maroc a des frontières avec seulement deux pays, en l’occurrence l’Algérie et le Sahara occidental. Ce n’est pas le cas pour l’Algérie qui partage des frontières avec 7 pays. Cette situation, lui impose des responsabilités. Et celles-ci deviennent plus lourdes, lorsqu’on sait que certains pays ont des armées faibles. L’Armée algérienne doit être mobilisée en permanence”, explique-t-il.

Il identifie pragmatiquement les faiblesses de l’Algérie : son économie et son système médiatique, particulièrement ce dernier, “absent notemment dans la région du Sahel et en Afrique”. Cette lacune est d’autant plus problématique que “le Sahel devient une arène où s’affrontent toutes les puissances mondiales.”

Enfin, sur les relations algéro-françaises, sa position est nette :“Je ne crois pas à l’existence d’une mémoire commune avec la France. Je ne suis pas partisan de l’écriture commune de l’histoire. Il ne peut y avoir une mémoire commune entre le bourreau et la victime. A chacun sa mémoire. Le colonisateur a son histoire et nous, en tant que colonisés, avons notre mémoire», souligne-t-il. Cependant, il nuance : les deux pays “peuvent travailler ensemble sur les questions d’intérêt commun.”

En somme, Rahabi offre une analyse incisive de l’Algérie contemporaine, appelant à un dialogue constructif et à une introspection nationale.