Dans une déclaration qui risque de créer des remous, l’ancien Premier ministre français Dominique de Villepin a relancé avec fracas lundi à Alger l’épineuse question des excuses officielles de la France à l’Algérie pour les crimes commis durant la colonisation. Un appel ferme qui bouscule la position prudente de Paris sur ce dossier ultra-sensible.
S’exprimant dans le cadre d’une conférence à l’université Alger 3, l’homme politique chevronné n’a pas mâché ses mots pour exhorter son pays à présenter ses “excuses” à l’Algérie, qualifiant ce geste d’“indispensable” pour pouvoir véritablement tourner la page du passé colonial.
De Villepin a partagé le cheminement qui l’a très tôt sensibilisé à l’importance cruciale de telles excuses. “À 9 ans, j’ai compris lors d’une conférence de mon père sur la Guerre d’Algérie à quel point ce geste était capital”, a-t-il raconté.
L’ancien chef du gouvernement français a réaffirmé avec fermeté que des excuses ne sauraient se “décréter” d’un simple mot ou discours. “Ce n’est pas avec un petit chiffon qu’on efface un aussi lourd contentieux”, a-t-il tonné depuis Alger, regrettant qu’à ce jour, même un président n’ait pas le “pouvoir” de les exprimer officiellement.
Si Paris a récemment reconnu des crimes coloniaux précis comme ceux visant Maurice Audin et Ali Boumendjel, de Villepin juge qu’il faut parfois “des années” pour établir toute la vérité, plaidant d’autant plus pour des excuses d’envergure.
Exhortant les deux pays liés par une relation “unique” de “peuple à peuple” à “faire émerger une vision partagée”, l’ancien Premier ministre les appelle à “accepter leur passé dans sa complexité” et à “construire un avenir meilleur ensemble”, loin des “excès” et de la “haine”.
Ses mots tonitruants depuis Alger vont immanquablement relancer les pressions sur l’exécutif français pour ce geste très attendu en Algérie, plus de 60 ans après l’indépendance. De Villepin bouscule ainsi Paris sur un sujet qui demeure une plaie ouverte entre les deux rives de la Méditerranée.