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Décès du valeureux Derradji Dilmi, syndicaliste et militant politique: « l’homme d’El Hadjar »

Said Djaafer | 19/01/20 07:01

Décès du valeureux Derradji Dilmi, syndicaliste et militant politique: « l’homme d’El Hadjar »

Derradji Dilmi, syndicaliste chevronné et respecté, ancien secrétaire général de la section syndicale du complexe d’El Hadjar et militant de l’ex-PAGS (Parti de l’avant-garde socialiste) avant que ce parti soit dissout dans des conditions troubles par l’équipe de Hachemi Cherif, est décédé, le samedi 18 janvier 2020. C’était plus qu’une légende, disent ceux qui l’ont connu, ni un « homme de fer », ni un « homme de marbre », mais un homme d’un charisme tranquille qui avait cette capacité, rare, d’allier une bonhomie naturelle avec une grande détermination.

C’était dans les années 80, « l’homme d’El Hadjar », celui qui deviendra le secrétaire général de la section syndicale du complexe avec l’appui de milliers de travailleurs. C’était aussi un militant du PAGS, de ceux qui, à l’instar de Sadek Hadjeres et de Saoudi Abdelaziz , sont restés dans la tradition de la préservation de l’ancrage populaire et des luttes sociales concrètes du parti.

Un travailleur au sens plein

Sadek Hadjeres, qui a rappelé dans un texte, que Derradji Dilmi a obtenu plus de voix au congrès du PAGS que Hachemi Cherif, le donne comme un exemple des cadres syndicaux qui ont su “réfléchir par eux-mêmes” et ont réussi à préserver les “capacités de mobilisation “quand la direction du PAGS a pris en juin-juillet 1990 “la directive contre nature de bloquer l’action sociale et syndicale”. L’ancrage populaire de « l’homme d’El Hadjar » a fait qu’il se retrouve des années plus tard, naturellement et malgré la maladie, dans les manifestations du Hirak à Annaba, parmi les Algériens décidés à reprendre leurs droits et à sauver leur Etat.

Tous les témoignages, ceux des jeunes et des moins jeunes, concordent pour décrire un homme attachant, resté fidèle aux idéaux de justice qui ont été le fondement de son combat. Dilmi était un travailleur au sens plein, de ces gens à qui rien n’est donné et qui construisent constamment et qui donnent. Mohamed Zaoui, journaliste établi en France, qui l’avait connu à Annaba, parle d’un homme “modeste, propre, patriote et progressiste”.

 « C’était un homme maigre, soucieux uniquement des causes des travailleurs, un homme qui écoute et respecte son interlocuteur quel que soit son statut ou sa position. Jamais, on ne l’entendait dire, “je”. Dilmi n’était pas conflictuel avec ses compagnons de lutte, ce n’était pas non plus un de ces démagogues aux propos mielleux et chargés d’idéologie. Il parlait la langue des défenseurs de la classe ouvrière. Il a été élu démocratiquement comme secrétaire général de la section syndicale d’El Hadjar à la fin des années 80, dans un complexe de 18.000 travailleurs. C’était un grand lutteur, même si cela pouvait lui coûter la vie. C’était un homme poli qui connaissait les problèmes des travailleurs d’El Hadjar. Un homme bon au plus haut point qui n’a pas utilisé sa position pour obtenir des privilèges. Dans ma vie professionnelle, Dilmi me rappelle de grands moments à la fin des années 80. C’était un grand défenseur des travailleurs et ceux d’El Hadjar le soutenaient. …. »

Paix à Derradji Dilmi, l’homme d’El Hadjar, le marcheur du Hirak.