Plusieurs personnalités politiques et universitaires ont lancé un appel, ce mardi 10 décembre 2019, pour ne pas empêcher les algériens de voter considérant la présidentielle du 12 décembre 2019 comme «une étape parmi d’autres que le Hirak populaire traversera avec succès pour préserver son pacifisme après cette date, grâce à son degré de conscience et à son comportement civilisé».
L’appel est lancé à l’adresse « des partisans de la Révolution du 22 février ». « De larges couches du peuple algérien continuent de refuser le déroulement d’élections dans les circonstances actuelles marquées par de vives tensions.
Les grandioses marches hebdomadaires des mardi et vendredi, en sont la démonstration tout comme elles portent de façon réitérée des messages contre la monopolisation du pouvoir et l’autoritarisme imposés à la vie politique », estiment-elles avant d’ajouter : « la démarche du pouvoir marquée par la fermeture d’espaces de libre expression, les entraves à l’exercice des libertés, l’arrestation et l’incarcération d’activistes politiques et de manifestants pacifiques, la dénaturation des réalités et des évidences n’a pas suscité d’adhésion populaire à cette politique ».
Les personnalités évoquent une déclaration qui date du 15 octobre 2019 dans laquelle elles avaient exposé une vision pour « une solution consensuelle » à la crise. « Celle-ci doit passer par des mesures d’apaisement de nature à favoriser un dialogue national, sérieux et global afin d’aboutir à un consensus de nature à mettre fin à l’ère des désignations et des cooptations. Il est regrettable de constater que notre déclaration, tout comme les initiatives précédentes de personnalités nationales, de forces politiques et sociales, n’ait pas trouvé d’écho auprès des tenants du pouvoir», soulignent-elles. Elles disent rester aux côtés du peuple algérien en soutenant ses revendications et ses aspirations.
« Ne pas répondre aux provocations d’où qu’elles viennent »
Elles rappellent avoir œuvré pour que les élections présidentielles constituent « un espace fédérateur » et la base de départ pour « la construction d’une nouvelle vie politique qui consolidera l’unité nationale, rempart contre toute forme d’ingérence étrangère ».
« C’est d’ailleurs l’esprit même de cette révolution populaire pacifique tout au long des neuf mois, malgré les tentatives de son dénigrement par des déclarations irresponsables de certains hauts représentants de l’État, ce qui a d’ailleurs favorisé et accentué le climat de polarisation qui règne à travers le pays », indiquent les signataires.
Ils appellent à « ne pas empêcher l’exercice par d’autres citoyens de leur droit à s’exprimer librement malgré les divergences d’approche et des positions politiques. De même, le devoir de tout un chacun implique d’éviter tout dépassement et de ne pas répondre aux provocations d’où qu’elles viennent ». Ils souhaitent que les algériens fassent preuve « d’un haut niveau de retenue pour préserver la communion dans cette épopée rassembleuse par son pacifisme et son prestige large et avéré ».
« Elle doit rester le symbole de l’unité et de la résistance face à toute forme de division, de falsification et aux tentatives de semer les germes de la Fitna, et de la haine entre les enfants du même peuple. Nous appelons les tenants du pouvoir à renoncer aux discours provocateurs, à l’usage du langage de la menace, et à cesser d’accuser de trahison tout citoyen porteur d’opinion contraire à celle du pouvoir, dans la recherche d’une sortie de crise.
Nous le rendons responsable de tout dérapage éventuel dans les jours à venir », préviennent les signataires qui disent renouveler leur soutien « plein et entier » au hirak populaire et pacifique « jusqu’à la concrétisation de toutes ses légitimes revendications ». L’appel est signé par, entre autres, Ali Yahia Abdenour, Ahmed Taleb Ibrahimi, Ahmed Benbitour, Abdelaziz Rahabi, Mustapha Bouchachi, Noureddine Benissad, Nacer Djabi, Ali Benmohamed, Abdelghani, Louisa Aït Hamadouche, Seif El Islam Bennatia et Dris Chérif.
