En Iran, l’adieu à Soleimani aux cris de “mort à Amérique”, tensions entre Baghdad et Washington - Radio M

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En Iran, l’adieu à Soleimani aux cris de “mort à Amérique”, tensions entre Baghdad et Washington

Said Djaafer | 06/01/20 09:01

En Iran, l’adieu à Soleimani aux cris de “mort à Amérique”, tensions entre Baghdad et Washington

Une foule immense était présente à Téhéran ce lundi 6 janvier 2020 pour rendre hommage au général Qassem Soleimani, assassiné vendredi à Baghdad dans un raid américain. Le  guide suprême iranien, Ali Khameneï, entouré du président iranien Hassan Rohani, du président du Parlement Ali Larijani, du chef des Gardiens de la Révolution, le général Hossein Salami et du chef de l’Autorité judiciaire, Ebrahim Raïssi, a conduit à l’université de Téhéran, la salat al-janaza (la prière aux morts) devant les cerceuil de Qassem Soleimani et du numéro 2 du Hachd Echaabi irakien, Abou Mehdi al-Mouhandiss. Des dirigeants en larmes. Tout comme l’étaient des centaines des milliers d’iraniens qui ont envahi les rues de Téhéran aux cris de “mort à l’amérique”, “Mort à Israël ».  

Les règles du jeu n’existent plus

L’un des premiers gestes de Téhéran a été d’annoncer de ne plus être tenu de respecter les les limites à ses activités nucléaires fixées dans l’accord de Vienne, que ce soit pour le nombre des centrifugeuses, le degré d’enrichissement de l’uranium ou des activités de recherche et développement. L’Iran ne s’engage pas cependant dans une rupture radicale et continue à se soumettre aux inspections de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), « comme avant ». 

L’assassinat de Soleimani est un coup dur pour les iraniens, mais c’est un franchissement d’une ligne probablement pour de purs objectifs de politiques intérieures de la part de Donald Trump. Ainsi que le souligne Gary Sick,  a fait partie du personnel du Conseil de sécurité nationale sous les présidents Ford, Carter et Reagan, l’assassinat est une “invitation à ignorer les règles du jeu existantes. Quelle que soit leur profession, les Américains au Proche-Orient deviennent à présent des cibles”.

L’impact en Irak est massif

En Irak, l’impact de l’assassinat de Qassem Soleimani et Abou Mehdi al-Mouhandiss bouleversent la donne. Alors que l’Iran et ses partisans irakiens, notamment du Hach Echaabi étaient l’objet d’une contestation dans les rues, ces assassinats, doublés d’une humiliation pour les dirigeants irakiens, risquent d’affaiblir le Hirak. Dans la soirée de dimanche, au moins deux roquettes se sont abattues près de l’ambassade des Etats-Unis dans la « zone verte » de Bagdad. La vague de colère et les appels au départ immédiat des troupes américaines basées dans le pays recentrent le débat politique. Le Hirak irakien risque d’être la première victime de la décision de Trump. L’autre impact est probablement l’exacerbation des polarisations communautaires. 

Le parlement irakien a adopté, en l’absence des députés kurdes et de la plupart des députés sunnites, une l’adoption d’une résolution demandant au gouvernement de “mettre fin à la présence de troupes étrangères en Irak et de s’assurer qu’elles n’utilisent pas ses terres, ses airs et ses eaux territoriales pour quelque raison que ce soit”. La résolution demande également au gouvernement de révoquer “ sa demande d’assistance à la coalition internationale qui combat l’État islamique en raison de la fin des opérations militaires en Irak et de l’obtention de la victoire.” 

Le Premier ministre démissionnaire Adel Abdel Mahdi avait donné le ton en dénonçant  « un assassinat politique » de Soleimani et de Mouhandis, qui ne laisse plus que deux choix: « appeler les troupes étrangères à partir immédiatement ou revoir leur mandat par un processus parlementaire ».

En réaction, Trump a menacé l’Irak de  « très fortes » sanctions si les troupes américaines devaient quitter le pays.  « S’ils nous demandent effectivement de partir, si nous ne le faisons pas sur une base très amicale, nous leur imposerons des sanctions comme ils n’en ont jamais vu auparavant », a déclaré le président américain à bord de son avion Air Force One. « Elles feront apparaître les sanctions contre l’Iran comme presque faibles ».

Les tensions vont crescendo en attendant la riposte iranienne alors que le président américain promet de s’attaquer y compris à des sites culturels. L’engrenage est en marche…