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En Tunisie, la démocratie parlementaire en oeuvre : le gouvernement de Habib Jemli rejeté

Said Djaafer | 11/01/20 10:01

En Tunisie, la démocratie parlementaire en oeuvre : le gouvernement de Habib Jemli rejeté

Mais qu’est ce qu’ils ont de mieux que nous, les Tunisiens?”. Les “experts” des plateaux des TV algériennes anti-hirak qui regardaient de haut la Tunisie ont leur réponse: ils ont une démocratie où le parlement peut récuser un gouvernement et où les députés prennent le risque de mettre en cause leur mandat et de retourner vers les électeurs. 

Seuls 72 députés de l’assemblée des représentants du peuple (ARP) ont accordé la confiance au cabinet proposé par Habib Jemli, , 134 l’ont rejeté et 3 se sont abstenus. Le président Kaïs Saïed, va devoir désigner un autre futur premier ministre qui devra obtenir la confiance des députés. Au terme de la  Constitution, le président tunisien dispose d’un délai de dix jours pour engager des consultations afin de trouver « la personnalité jugée la plus apte de former un gouvernement dans un délai maximum d’un mois » .

Plus qu’un échec d’Ennahda, ce vote illustre surtout le poids pris par le parlement tunisien – et par conséquent celui du chef du gouvernement – dans la configuration du système politique après la révolution. Avec pour corollaire, comme dans tout régime parlementaire, un risque d’une difficulté de former une coalition gouvernementale. 

C’est la situation actuelle en Tunisie où les législatives du 6 octobre dernier ont donné une mosaïque politique des plus compliquée. Ennahda, bien qu’il soit le principal parti, n’y dispose que  54 sièges sur 217. D’où la difficulté à trouver une coalition à même d’assurer une majorité gouvernementale. Habib Jemli, choisi le 15 novembre par Ennahda pour former le gouvernement avait annoncé le 2 janvier la formation d’un cabinet de personnalités indépendantes. Il a essuyé rapidement de nombreuses critiques y compris des “réserves” venant d’Ennahada. 

Si le nouveau candidat choisit par le président Saïed échoue à son tour à former un gouvernement, assemblée des représentants du peuple (ARP) sera dissoute et de nouvelles élections législatives convoquées. Les “experts” algériens des plateaux vont peut-être mettre l’accent sur “l’ingouvernabilité” de la Tunisie au lieu de voir les vertus d’une démocratie où l’exécutif n’est pas imposé par le haut et doit avoir l’approbation des représentants du peuple.