Meriem Tanila a quatre ans et demi aujourd’hui. Dans dix ou quinze, que pourra-t-elle bien penser quand on lui racontera les péripéties judiciaires de son prénom ? Et surtout qu’elle a fini par avoir le droit de le porter fièrement ?
Cela se passe à Annaba en 2017. Abdelmadjid Labidi se voit refuser l’inscription à l’état-civil du second prénom de sa fille « Tanila » sous le prétexte que ce dernier ne figure pas dans la «nomenclature des prénoms algériens ». Un bréviaire de référence pour tout agent d’état-civil zélé, né sous le règne de Chadli, en 1981. On comprendra aisément que cela s’est fait dans le sillage des événements du Printemps berbère, pour endiguer et freiner une expansion identitaire berbère qui allait se traduire par le choix des prénoms. Et quoi de plus fort pour une communauté et de plus dur pour un régime totalitaire, que de voir une identité portée en soi.
En 2013, dans le sillage de la reconnaissance, plutôt mitigé et par petites touches successives de l’identité amazigh, une concession de 300 prénoms amazighs est consentie au HCA, le Haut commissariat à l’Amazighité, alors qu’il en avait proposé mille.
Aujourd’hui, grâce à la perspicacité de maître Kouceïla Zerguine, avocat du barreau et membre de la ligue des droits de l’homme, le prénom Tanila retrouve son droit de cité grâce à une décision du conseil d’Etat annulant un jugement du tribunal administratif d’Annaba. Quatre ans et demi de bataille juridique pour un prénom ! Cela vaut toutes les peines. Désormais, les colombes (Tanila signifiant colombe en chaoui) peuvent porter dignement le prénom de leur appartenance identitaire.