Le président Abdelmadjid Tebboune a appelé, lors d’une réunion du Conseil des ministres, samedi 18 janvier 2020, à mettre un terme « à l’influence accrue » des lobbies et des groupes d’intérêts dans les politiques publiques en matière d’industrie.
Comme, il a, selon un communiqué de la Présidence de la République, prôné la lutte contre les importateurs qui pratiquent la surfacturation, « à l’origine d’une véritable saignée des ressources en devises, à travers la criminalisation de ces pratiques ».
« Le recours excessif à l’importation a figé les esprits et tué l’esprit d’initiative et la capacité de création et d’innovation des Algériens », a déploré le chef de l’Etat, d’après la même source. Des réponses concrètes doivent, selon lui, être apportées en urgence à un dossier qualifié de sensible, celui de l’importation de véhicules en kits SKD-CKD.
Il a appelé à assainir cette situation avec la mise en place de nouvelles règles. La situation actuelle du Complexe sidérurgique d’El Hadjar (Annaba) a été également abordée. Abdelmadjid Tebboune a exigé l’instauration «d’un contrôle strict» sur les importations d’équipements et de services « afin d’éviter les situations dramatiques engendrées, par exemple, par les appareils de chauffage ».
Il a ordonné l’ouverture d’une enquête approfondie sur cette affaire. En 2019, l’asphyxie au monoxyde Carbonne (CO), en raison d’appareils de chauffage défectueux, a causé la mort de 145 personnes en Algérie, selon un bilan de la Protection civile. Ce nombre est en augmentation par rapport à 2018, 131 décès.
Soutien aux investisseurs qui utilisent la matière première locale
Le président de la République a appelé à la mise en place d’un système juridique stable pour une durée d’au moins dix années à même d’assurer une lisibilité aux investisseurs, « l’objectif étant d’inciter les hommes d’affaires à investir ».
Il a recommandé « un appui immédiat » à l’investissement privé avec la possibilité d’accorder des incitations importantes « aux opérateurs utilisant les matières premières locales ».
Les fonds étatiques seront consacrés au financement des investissements dans les secteurs stratégiques. A moyen et long termes, l’effort doit être, selon lui, orienté vers la création « d’une véritable industrie », constituée des industries légères « génératrices de richesses et faisant la rupture avec les industries consacrant la dépendance ».
Il a évoqué l’importance de développer des industries manufacturières, comme la transformation de l’alfa et l’agro-alimentaire. Le ministre de l’Industrie et des Mines Ferhat Ait Ali a présenté un plan de relance du secteur industriel basé sur l’adoption d’un modèle de développement stratégique des filières industrielles. Il sera fondé sur « la valorisation des ressources nationales et des ressources humaines, la promotion d’un cadre de développement de l’entreprise et l’amélioration du climat des affaires ».
Possibilité de récupérer le foncier industriel non exploité
Le Président de la République a ordonné au gouvernement d’Abdelaziz Djerad de procéder à un état des lieux du foncier industriel et de formuler des propositions, notamment à la lumière de « l’exploitation anarchique du foncier en vue de l’utilisation rationnelle de ces zones industrielles, avec possibilité de récupérer celui non exploité ».
Il a appelé à l’encouragement de la création de coopératives pour l’aménagement ou la création de nouvelles zones industrielles dans le cadre d’une nouvelle vision, « avec un cahier de charges clair et précis ».
En outre, Abdelmadjid Tebboune a instruit le ministre de l’Industrie et des Mines d’organiser des Assises nationales sur la nouvelle politique industrielle auxquelles prendront part les compétences de la diaspora et les différents acteurs économiques, avec le concours d’institutions internationales, « pour l’élaboration d’une politique industrielle nationale répondant aux aspirations de la nouvelle Algérie ». Les dernières Assises nationales sur l’industrie ont été organisées en février 2007 par Abdelhamid Temmar, alors ministre de la Participation et de la Promotion des investissements.