La Condamnation de l'islamologue Djabelkhir "pour ses idées" provoque une campagne d'indignation et de solidarité - Radio M

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La Condamnation de l’islamologue Djabelkhir « pour ses idées » provoque une campagne d’indignation et de solidarité

Lynda Abbou | 22/04/21 13:04

La Condamnation de l’islamologue Djabelkhir « pour ses idées » provoque une campagne d’indignation et de solidarité

La toile algérienne se lance dans une campagne de dénonciation du procès Djabelkhir, après la condamnation ce jeudi matin de l’islamologue et universitaire à une peine 3 ans de prison ferme, assortie d’une amende de 50 000 Da, pour avoir exprimé ouvertement des « idées modernistes » en matière de religion.

Said Djabelkhir est poursuivi pour “offense à l’Islam”, suite à une plainte qui a été déposée contre lui par un enseignant d’informatique à l’université de Sidi Bel Abbes, du nom de Abderazak Boubedjra pour “offense aux préceptes de l’islam”. Le parquet du tribunal de Sidi M’hamed avait requis l’application de la loi lors de son procès le 1 Avril 2021.

A cet effet la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH) a réitéré « sa demande de respect des libertés de recherche académique, d’expression et d’opinion ». À travers un communiqué signé par son vice-président, Said Salhi, la LADDH a refusé « à ce que les salles des tribunaux se substituent aux amphithéâtres des universités, et à ce qu’ils se transforment en tribunaux d’inquisition », tout en dénonçant « la criminalisation des idées, du débat et de la recherche académique pourtant garanties par la Constitution ».

« Trois ans de prison ferme pour avoir fait tomber les mythes des extrémistes » a réagi l’écrivain Said Khatibi après la condamnation de l’islamologue.  Pour lui, Djabelkhir n’a fait que « démolir le temple de l’extrémisme » avant d’ajouter que « l’Algérie n’appartient pas à la minorité bruyante ».

De son côté l’avocat et militant des droits humains, Salah Dabouz a noté que « la condamnation de Saïd Djabelkhir prouve que la plupart des juges algériens ont une orientation idéologique islamique et appliquent les dispositions de la charia (loi islamique), en essayant de la justifier par des articles du code pénal ».

Dans le même sillage, plusieurs activistes ont estimé que l’Article 144 bis 2 du code pénal algérien « doit être abrogé ». L’article dispose « est puni d’un emprisonnement de trois (3) ans à cinq (5) ans et d’une amende de cinquante mille (50.000) DA à cent mille (100.000) DA, ou l’une de ces deux peines seulement, quiconque offense le prophète (paix et salut soient sur lui) et les envoyés de Dieu ou dénigre le dogme ou les préceptes de l’Islam, que ce soit par voie d’écrit, de dessin, de déclaration ou tout autre moyen. Les poursuites pénales sont engagées d’office par le ministère public. (3) ».

« Le dossier de Djabelkhir est un dossier 100% politique. Beaucoup d’éléments le corrobore » a souligné l’un des avocats de l’islamologue. Plusieurs autres avocats et militants pensent que cette affaire est également « instrumentalisée » pour des fins politiques. En faisant référence aux élections législatives prévues le 12 juin prochain, le militant Moumem Khelil trouve que c’est « une offrande pour leur Algérie utile. Celle qui doit se mobiliser pour leur 12/06 ».

Enfin l’universitaire Redouane Boudjemaa a écrit qu’il s’agit de « diversion, propagande et pollution par appareil judicaire interposé ».