L’achat par l’UE de drones israéliens pour surveiller les flux migratoires est "de légalité douteuse" (ONG) - Radio M

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L’achat par l’UE de drones israéliens pour surveiller les flux migratoires est « de légalité douteuse » (ONG)

La Rédaction | 08/05/20 13:05

L’achat par l’UE de drones israéliens pour surveiller les flux migratoires est « de légalité douteuse » (ONG)

Euro-Mediterranean Human Rights Monitor condamne la signature par l’Union européenne pour 59 millions d’euros de contrats avec des entreprises militaires israéliennes pour s’équiper de drones de guerre. Elle l’appelle à les « résilier immédiatement ».

Dans un communiqué daté du 5 mai dernier, l’ONG a estimé que ces contrats étaient « immoraux » et d’une « légalité douteuse », en ce qu’ils encouragent Israël à violer les droits humains dans les territoires occupés, d’une part, et, d’autre part en ce que l’utilisation « abusive » de tels équipements pour surveiller les flux migratoires entraînerait de « graves violations » en Méditerranée comme, par exemple, celle qui consiste à renvoyer des demandeurs d’asile dans des pays à l’instar de la Libye où ils encourent des risques pour leur sécurité.

«Il est scandaleux pour l’UE d’acheter des drones à des fabricants de drones israéliens compte tenu des moyens répressifs et illégaux utilisés pour opprimer les Palestiniens vivant sous occupation depuis plus de cinquante ans», a déclaré le professeur Richard Falk, président du conseil d’administration d’Euromed-MonitorIl est également inacceptable et inhumain pour l’UE », a-t-il ajouté, « d’utiliser des drones, quelle que soit la manière dont ils ont été obtenus pour violer les droits fondamentaux des migrants risquant leur vie en mer pour demander l’asile en Europe. »

Des contrats de 159 millions d’euros en 2019 et 2020

Les contrats en question, souligne le communiqué de l’ONG, auraient été signé récemment avec Elbit Systems et Israel Aerospace Industries, deux sociétés israéliennes. De plus, précise-t-il, en 2019, l’Agence européenne des garde-frontières et des garde-côtes (appelée, par abréviation, Frontex) ainsi que l’Agence européenne de sécurité maritime (EMSA) ont signé trois contrats d’une valeur de 100 millions d’euros également pour acquérir des drones sans pilote.

Euro-Mediterranean Human Rights Monitor rappelle qu’un des drones utilisés par l’agence Frontex a été « expérimenté » sur la population de la bande de Gaza en 2014, lors de l’opération militaire anti-palestinienne appelé « Bordure protectrice ». C’est pourquoi, explique-t-elle, l’acquisition de ces équipements sera perçue comme encourageant leur utilisation contre les Palestiniens.

L’ONG craint également que l’utilisation de drones par la Frontex au lieu de navires ne vise à contourner l’obligation de sauvetage des migrants en situation difficile en mer, outre qu’elle vise à dissuader les demandeurs d’asile de se réfugier en Europe.